Son nom évoque immédiatement ses origines : la chèvre la plus réputée pour son lait provient des Alpes. Robuste et facilement adaptable, cet animal de taille moyenne peut évoluer dans divers environnements et systèmes d’élevage, que ce soit en bergerie ou en pâturage en plein air. Découvrez le portrait de la chèvre Alpine, une race connue pour sa grande facilité de vie.
Origine de la chèvre alpine
Avant de recevoir son nom officiel en 1930, cette caprine était désignée comme “chamoisée des Alpes” et était considérée comme une variété de la “race caprine européenne” selon la classification d’André Sanson, président de l’Académie vétérinaire de France (1894). Selon cet expert en zoologie domestique, cette race aurait vu le jour au sein du massif alpin, où ses ancêtres auraient développé une aptitude particulière à parcourir les zones escarpées, inaccessibles aux moutons. En 1911, l’agronome Paul Auguste Diffloth met en lumière la Suisse comme un territoire clé pour l’élevage de cette chèvre, grâce à une sélection orientée vers la conformation et la production laitière. La Suisse est dès lors considérée comme le berceau de la chamoisée des Alpes, ainsi que de plusieurs autres races telles que la Blanche de Gessenay, la Saanen (particulièrement productive), la chèvre du Toggenbourg et celle à col noir du Valais. En France, la Savoie est vue comme le lieu d’origine de cette race, où elle reste encore aujourd’hui largement représentée.
Zones d’élevage de la chèvre alpine
Au début du 20e siècle, ses qualités laitières remarquables attirent rapidement l’attention des éleveurs, qui l’intègrent progressivement dans leurs élevages. La race est officiellement reconnue en 1930 avec la mise en place d’un livre généalogique, sous le nom de race alpine chamoisée. Elle commence alors à s’étendre hors de sa région natale, conquérant peu à peu l’ensemble de l’Hexagone, notamment dans les élevages intensifs aux côtés de la Saanen. Cette expansion s’accélère après la Seconde Guerre mondiale, et dans les années cinquante, l’Alpine remplace plusieurs races du Centre et de l’Ouest françaises, frappées par des épidémies de fièvre aphteuse. Aujourd’hui, cette race est présente dans toutes les zones caprines françaises, notamment dans la vallée moyenne de la Loire et ses affluents, ainsi que dans les vallées de la Saône, du Rhône et dans le Poitou-Charentes. Avec environ 55 % des femelles inscrites au contrôle laitier, l’Alpine est devenue la race caprine la plus nombreuse en France.
Caractéristiques morphologiques de la chèvre alpine
Cette race présente une silhouette typiquement laitière : une carrure élancée, des membres solides et des articulations fines, une poitrine profonde, un bassin large et peu incliné, témoignant de son adaptation à la production de lait. Ses mamelles sont volumineuses, bien attachées, avec des trayons orientés vers l’avant, facilitant la traite mécanique. La tête triangulaire arbore un profil concave, des arcades sourcilières saillantes et de longues oreilles orientées vers l’avant. Certains sujets portent une barbiche ou des pampilles, ces petits plis de peau au niveau du cou. Les cornes, généralement plus courtes chez les femelles, sont plus longues et plus épaisses chez les mâles. La taille moyenne est de 70 à 80 cm au garrot, avec un poids souvent compris entre 50 et 70 kg. Le bouc, quant à lui, peut dépasser 1 mètre pour un poids oscillant entre 80 et 100 kg.
Les couleurs de robe de la chèvre alpine
La robe la plus répandue chez cette race est le modèle chamoisé, résultant de la sélection génétique. Elle se caractérise par une teinte fauve assez homogène déployée sur l’ensemble du corps, avec des pattes et une raie dorsale noires. Cependant, la diversité est riche, avec des individus affichant une variété de couleurs en taches, incluant des motifs gris ou blancs, parfois mêlés avec des bruns, fauves, gris, noirs ou roux. Le poil de l’Alpine est court, mais il peut être plus long sur le dos et le poitrail, surtout chez le bouc.
Les capacités de la chèvre alpine
Une de ses plus grandes qualités réside dans sa faculté d’adaptation face à des environnements climatiques et géographiques variés. Résistante et robuste, l’Alpine s’adapte parfaitement aux élevages en systems intensifs où elle peut être logée en stabulation, en espace confiné ou en plein air, en toute saison. Elle supporte aisément les sols bétonnés autant que les terrains caillouteux de montagne, et ses onglons durs lui permettent de parcourir des pâturages escarpés inaccessibles à d’autres animaux. Dans ses origines alpines, elle continue d’être élevée en mode extensif, contribuant à la préservation des estives. Sa capacité à nettoyer les terrains en fait également une candidate privilégiée pour l’éco-pâturage, utilisé par collectivités, particuliers et entreprises pour entretenir des espaces verts de façon respectueuse de l’environnement.
Les qualités laitières de la chèvre alpine
Reconnue pour ses performances laitières, la chèvre Alpine peut produire en moyenne près de 886 litres de lait par période de lactation, qui dure environ 295 jours. Certaines femelles atteignent même 1000 litres dans la même période. Son lait est particulièrement apprécié pour la fabrication de fromages, grâce à un taux élevé en matières grasses et protéines : environ 37,8 g de matière grasse et 33,2 g de protéines par kilogramme de lait, ce qui confère à ses produits une saveur et une texture caractéristiques.
Le processus de sélection de la race alpine
Depuis les années 1970, la sélection génétique de la chèvre alpine est pilotée par un organisme spécialisé, Tendances et animaux, en partenariat avec l’Inra et l’Institut de l’Élevage. L’objectif est d’améliorer à la fois la quantité et la qualité du lait. Un réseau de 1 000 éleveurs et environ 140 000 chèvres contrôlées contribue à ce programme. La méthode consiste à repérer les meilleures représentantes de la race (mères et mâles à boucs) et à les faire inséminer avec les doses de semen provenant des meilleurs mâles pour optimiser les progrès génétiques. Les reproducteurs sélectionnés sont ensuite soumis à des tests rigoureux, et seuls 40 d’entre eux sont retenus comme des modèles à suivre. Les semences de ces boucs reproducteurs de haut niveau peuvent ensuite être diffusées via des coopératives d’insémination, tant au niveau national qu’international.
Crédit photo : Damien Hardy