De nombreux cavaliers se questionnent quant à la possibilité d’offrir des récompenses sucrées à leur monture, qu’il s’agisse d’un cheval ou d’un poney. Il est essentiel de réfléchir à l’alimentation de son animal, notamment parce que le système digestif du cheval est particulièrement sensible. Donner n’importe quelle nourriture peut s’avérer risqué, mais cela ne signifie pas que l’on doit se priver des bénéfices que peuvent apporter les friandises quand elles sont utilisées à bon escient. Cet article vous guidera pour faire un usage judicieux de ces petites récompenses, notamment dans le contexte de l’apprentissage et de la conduite de votre animal.
Quelle est la vocation des friandises ?
Les récompenses alimentaires jouent un rôle central dans l’éducation d’un cheval ou d’un poney, en complément des caresses et encouragements verbaux. La notion de « friandise » peut parfois prêter à confusion, puisque le terme désigne généralement quelque chose de délicat et agréable à consommer, comme un petit gâteau ou une confiserie. Chez l’humain, la stimulation du cerveau par le sucre est bien comprise : la consommation de produits sucrés entraîne la libération de dopamine, une hormone associée au plaisir connecté au “circuit de la récompense”. Cette réponse chimique favorise la mémorisation de stimuli plaisants et incite à reproduire certains comportements, ce qui peut aussi conduire à une surconsommation sucrée.
Dans le cadre de l’éducation équestre, il est souvent nécessaire de faire apprendre des ordres précis. Le but est que l’animal intègre durablement le comportement attendu suite à la prononciation d’un mot, un geste ou autre signal. La psychologie animale a démontré que le renforcement positif était souvent plus efficace. Cette méthode consiste à récompenser la monture avec une gratification attrayante dès qu’elle exécute ce que l’on attend d’elle. Le cheval ou le poney assimile alors peu à peu qu’il doit accomplir l’action pour recevoir sa récompense. Une fois que ce comportement devient une habitude, l’utilisation de la récompense alimentaire devient de moins en moins nécessaire. La recherche indique que la nourriture agit généralement comme un motivateur supérieur aux autres types de récompenses.
Cependant, certains spécialistes remettent en cause cette pratique. Les experts en comportement équin soulignent que, dans leur environnement naturel, les chevaux sont des herbivores qui ne se donnent pas d’efforts pour obtenir leur nourriture. Selon eux, cela peut aussi contribuer à certains troubles du comportement si la récompense alimentaire est devenue une habitude systématique. La méthode du renforcement négatif, qui consiste à placer l’animal dans une situation inconfortable jusqu’à ce qu’il exécute la tâche demandée, est encore utilisée dans certains cadres d’élevage ou d’équitation plus traditionnelle. La maîtrise de l’équilibre entre ces deux approches—positive et négative—repose souvent sur l’expérience, la sensibilité et le tempérament de chaque animal.
Quoi qu’il en soit, l’usage de friandises doit respecter des précautions pour garantir leurs effets positifs. Le point est abordé plus en détail ci-après.
Les mécanismes de la récompense : détails essentiels
Une friandise doit faire suite à l’exécution d’un comportement souhaité, qu’il s’agisse d’une réussite lors d’une séance de travail, d’un comportement calme lors d’un voyage ou d’un exercice réussi. Il est primordial que la récompense soit donnée dans un contexte précis, de manière à ce que le cheval comprenne bien pourquoi il est récompensé. Elle doit intervenir immédiatement après le comportement, sans quoi le lien de cause à effet sera difficile à établir. Certains praticiens utilisent même la friandise comme moyen de rassurer un animal un peu craintif, mais cela reste une pratique à analyser avec discernement. La fréquence d’utilisation est également cruciale : une distribution excessive peut conduire à des comportements indésirables, comme la recherche constante d’aliments en fouillant dans les poches, mordant ou donnant des coups de pied. Il revient donc au cavalier de définir quand la récompense est appropriée et de la gérer avec rigueur.
Les friandises préférées des chevaux
Les équidés, comme beaucoup d’êtres vivants, sont attirés par le sucre, qui constitue leur principal apport énergétique. Mais une consommation excessive est néfaste pour leur santé. Leur ration quotidienne inclut naturellement du sucre, notamment via l’herbe qu’ils consomment. Lorsqu’il s’agit de distribuer des récompenses, il faut veiller à ne pas dépasser des quantités qui pourraient nuire.
Les fruits et légumes riches en eau sont particulièrement appréciés, car ils contribuent aussi à refroidir l’animal : pommes, poires, carottes ou encore salade verte en font partie. Attention à certains aliments comme l’artichaut, qui possède un effet astringent pouvant irriter la muqueuse. Même si ces aliments sont sains pour l’homme, leur richesse en fibres fermentescibles nécessite une utilisation modérée, toujours en petits morceaux crus, pour éviter tout problème digestif. Le pain dur peut aussi faire partie des friandises, à condition de l’offrir en petits morceaux pour encourager la mastication. Enfin, les morceaux de sucre, les fruits secs non salés, ou encore la marchandise prête à l’emploi restent des options populaires auprès des chevaux.
Apports nutritionnels et limites des friandises
Les friandises doivent être comptabilisées dans le cadre de la ration alimentaire quotidienne du cheval. Les fruits et légumes proposés précédemment sont peu caloriques, ce qui en fait une option économique et facilement gérable nutritionnellement. Il est important de donner les fruits secs avec modération, en respectant des quantités adaptées à la taille et aux besoins de l’animal.
Dans certains cas, elles jouent aussi un rôle de véritable complément alimentaire, en particulier pour les chevaux n’ayant pas accès à la pâture, car ces récompenses apportent des vitamines et des nutriments essentiels. Par exemple, en hiver, les carottes riches en bêta-carotène sont particulièrement bénéfiques. Voici quelques recommandations pour la distribution quotidienne :
- Un kilogramme de carottes ;
- Deux ou trois pommes ou poires ;
- Un demi-artichaut ;
- Une seule carotte ;
- Une demi-pomme ou une demi-poire ;
Pour un poney, il faut ajuster la taille des récompenses : en général, il est conseillé de donner de petits morceaux, équivalents à un quartier de fruit ou de morceau de pain. Ne jamais offrir de pain moisi, et privilégier des morceaux de la taille d’un quarter de pomme. Si vous utilisez un distributeur, vérifiez que le fond est toujours accessible pour éviter la moisissure ou la présence de rongeurs qui pourraient transmettre des maladies.
Les friandises industrielles : précautions d’usage
Les produits prêts à l’emploi sont principalement des extrudés à base d’amidon soufflé. Leur usage réclame vigilance : il est conseillé de choisir des friandises exempte de nutriments essentiels ou de vitamines pour éviter tout dérèglement nutritionnel. La majorité du temps, leurs ingrédients ne doivent pas contenir d’arômes ni de colorants artificiels, ce qui pourrait peser sur la santé de la monture, en particulier pour les chevaux à métabolisme fragile ou souffrant de syndromes comme le syndrome métabolique équin, la fourbure ou le syndrome de Cushing.
Certaines marques utilisent la stevia comme substitut au sucre, mais il faut rester prudent car certains édulcorants peuvent stimuler l’appétit de façon excessive. La taille et la texture de ces friandises sont également essentielles : elles doivent être suffisamment dures pour que le cheval mâche longtemps, favorisant ainsi une meilleure digestion et aidant à réduire le stress par le mouvement de mastication.
Comment offrir une friandise sans danger ?
Pour éviter tout accident lors de la distribution, il faut déposer la récompense dans la main, en formant une sorte de petite cuvette avec la paume, comme si l’on voulait y contenir un peu d’eau. La main doit rester arrondie : un geste en coupe évite que l’animal ne croque les doigts, ce qui pourrait provoquer des blessures ou entraîner un risque d’étouffement. Évitez aussi de donner la friandise directement au bout des doigts, car l’animal pourrait confondre votre main avec la nourriture et mordiller.
Il est important de ne pas associer de bruits à la distribution, afin de ne pas amplifier l’attente ou l’agitation du cheval ou du poney face à différents bruits environnants. Et pour varier les plaisirs, la friandise peut aussi servir de stimulation ou d’occupation : en la plaçant dans une balle de jeu, elle peut jouer un rôle contre l’ennui, notamment durant l’hiver ou en période de convalescence en box.