Installé dans les vastes terrains gelés d’Asie centrale, le cheval de Przewalski, parfois appelé Prjevalski, est reconnu comme la plus ancienne population de chevaux sauvages encore existante. Après avoir été gravement chassé par l’homme, cette espèce privée de protection a survécu grâce à des programmes de reprise en nature. Toutefois, cette espèce emblématique reste actuellement sur la liste des espèces menacées d’extinction.
66 chromosomes : particularité génétique du cheval de Przewalski
Le représentant de Equus ferus Przewalski possède une silhouette robuste avec une tête imposante, une maisonnette solide, une ligne sombre courant le long de la colonne vertébrale, et une crinière noire touffue. Parmi ses traits distinctifs, il n’a pas de toupet frontal et sa robe présente une teinte claire et orangée dans le dos, une partie inférieure blanche, ainsi que des zones noires sur ses pattes, sa queue, ses naseaux et sa bouche. Référencé aussi sous le nom de takh chez les Mongols, cet équidé atteint environ 1,20 à 1,40 m de haut au garrot, et son poids oscille entre 240 et 300 kg. Avec ses 66 chromosomes, il diffère du cheval domestique, qui en possède 64. Son espérance de vie tourne généralement autour de 25 ans.
La renaissance du cheval de Przewalski à l’état sauvage
Découvert en 1879 par l’explorateur russe Nicolaï Prjevalski, l’animal a été localisé dans les montagnes de Dzoungarie, en Mongolie, aux alentours du désert de Gobi. Souvent considéré comme le dernier véritable cheval sauvage au monde, il a rapidement acquière une renommée mondiale. En 2018, une étude génétique révélait que cette espèce descendait en réalité d’un premier cheval domestiqué, il y a environ 5500 années, par le peuple Botaï, au nord du Kazakhstan. Ainsi, le Przewalski représenterait une forme unique, un « féral » — initialement domestiqué, puis retourné à la vie sauvage.
De la Mongolie aux cavernes de Lascaux
Il est fascinant de savoir qu’il y a 20 000 ans, des Européens avaient déjà rencontré un équidé ressemblant fortement au cheval de Przewalski, comme le montrent des peintures rupestres découvertes en France, notamment dans les grottes de Lascaux, des Pyrénées et des Monts Cantabriques. Les chercheurs estiment que ces similitudes anatomiques ne relient pas directement ces chevaux européens et mongols, mais reflètent plutôt un habitat commun caractérisé par un climat froid et une alimentation à base d’herbes. La crinière en brosse et la ligne sombre le long de la colonne vertébrale restent des caractéristiques partagées par plusieurs espèces de chevaux sauvages dans ces régions.
La disparition du cheval de Przewalski
Déjà peu nombreux au moment de sa première découverte, la population du cheval de Przewalski a continué de diminuer rapidement après la fin du 19ème siècle. La difficulté à le domestiquer, en raison de son tempérament fougueux, a empêché toute tentative d’élevage en milieu contrôlé. Par ailleurs, la notoriété croissante de l’espèce a entraîné une exportation massivement orchestrée vers des zoos et parcs européens, où des captures brutales ont souvent été nécessaires, causant la mort de nombreux individus. En parallèle, la chasse pour sa viande, pratiquée traditionnellement par les Mongols pour faire face à un environnement difficile, a également contribué à sa chute. La combinaison de ces facteurs a conduit à sa disparition quasi totale dans la nature, avec le dernier aperçu datant de 1969 dans le désert de Gobi, et l’espèce a alors été déclarée éteinte à l’état sauvage.
La sauvegarde du cheval de Przewalski
Face à l’extinction, des mesures cruciales ont été déployées afin de préserver cette espèce. Après sa capture, des individus ont été transférés dans des réserves zoologiques où un effort de reproduction contrôlée a été mis en œuvre, à partir de 12 animaux fondateurs et de quelques chevaux domestiques. La population captive, sachant qu’elle présente un certain degré d’hybridation, a conservé toutefois ses traits primitifs et sa particularité génétique de 66 chromosomes. Avant tout relâchement en milieu sauvage, un travail d’adaptation visant à assurer la cohésion du groupe et leur résistance aux climats extrêmes a été mené. C’est notamment grâce à des élevages en semi-liberté, comme ceux en France, que les chevaux de Przewalski sont préparés à retrouver leur environnement naturel.
Cheval de Przewalski : une population à risque
Aujourd’hui, cette espèce évolue dans les vastes steppes et plateaux arides d’Asie centrale, où elle doit trouver ses ressources via une alimentation exclusivement herbivore. Selon le dernier recensement en 2018, des groupes de Przewalski sont encore présents en Mongolie, en Chine, en Ukraine et en Biélorussie, notamment dans la région de Tchernobyl, où ils ont été introduits après la catastrophe nucléaire. Très sociables, ces chevaux vivent en petits groupes familiaux comprenant un étalon adulte, une à trois juments et leurs jeunes jusqu’à leur maturité. Les jeunes mâles tendent à former des troupeaux d’étalons célibataires, une organisation sociale bien connue chez les équidés. Au sein de leur communauté, ils instaurent une hiérarchie, tout en maintenant une distance respectueuse. Malgré tout, chaque animal reste à portée de vue du groupe afin de se prémunir face à d’éventuels prédateurs. La situation de cette population demeure fragile, et l’espèce continue d’être classée comme en danger critique d’extinction.