La fourbure, seconde cause de mortalité chez les équidés, représente une menace sérieuse qui peut affecter tant la vitalité que la performance sportive des chevaux. Son diagnostic s’avère souvent complexe pour les propriétaires, ce qui rend essentiel de connaître ses causes possibles, ses symptômes, ainsi que les traitements appropriés. La prévention constitue également un enjeu majeur face à l’augmentation de son incidence ces dernières années. Cet article rassemble toutes les infos indispensables pour répondre aux interrogations des passionnés de chevaux.
Comprendre la fourbure chez le cheval
Appelée aussi laminite, cette maladie se caractérise par une inflammation des lamelles, ces tissus mous qui assurent la liaison entre la paroi du sabot et les structures osseuses du pied. Cette condition peut causer une douleur intense au cheval, entravant la circulation sanguine et risquant de détruire les éléments fondamentaux de soutien du pied.
Les lamelles sont responsables du maintien de la connexion entre la paroi du sabot et la phalange terminale, aussi appelée troisième phalange. Lorsqu’elles sont altérées par la fourbure, celles-ci perdent en solidité, provoquant un relâchement de la phalange. Si l’inflammation est sévère, cela peut entraîner une rotation ou un affaissement de cet os, voire une perforation de la sole. La circulation sanguine est alors compromise, car les vaisseaux sanguins se resserrent sous la douleur. Résultat : l’apport en nutriments et en oxygène aux tissus du sabot diminue, aggravant leur détérioration. La maladie peut ne toucher qu’un seul pied ou, plus fréquemment, les quatre, avec une incidence généralement sur les deux antérieurs.
Chez le cheval, deux formes principales existent : la forme aiguë, rapide à apparaître avec des symptômes très marqués, et la forme chronique, qui se déclare après 48 heures ou plus, pouvant durer plusieurs semaines voire toute la vie de l’animal.
Les origines de la fourbure chez les équidés
Plusieurs facteurs, souvent combinés, peuvent entraîner cette maladie. Leur compréhension est fondamentale pour intervenir efficacement et éviter sa survenue. Parmi les principaux, on distingue des causes alimentaires, métaboliques, circulatoires, infectieuses ou liées à l’environnement.
Les origines liées à l’alimentation
Une cause majeure de fourbure concerne la ration alimentaire, en particulier chez les chevaux en pâturage ou suralimentés en céréales. Les végétaux riches en sucres rapides, comme l’herbe ou les céréales, débordent en amidon, fructosanes et autres glucides non structuraux. Ces excès provoquent une accumulation d’acide lactique dans l’intestin, créant une acidose et une destruction de la flore microbienne. La muqueuse digestive étant altérée, des toxines sont libérées dans la circulation sanguine, augmentant ainsi le risque de développer une fourbure.
Une alimentation exagérée peut aussi entraîner un surplus de poids, aggravant les risques de déformation du pied en augmentant le déplacement de la troisième phalange. Il est recommandé de contrôler régulièrement la condition physique du cheval et d’adapter son alimentation en conséquence.
Les causes métaboliques
Le syndrome métabolique équin ainsi que la maladie de Cushing, qui touchent souvent les chevaux âgés de plus de 15 ans, jouent un rôle avec des déséquilibres hormonaux spécifiques. Les symptômes d’autres sont visibles, comme un pelage dense et récalcitrant à la mue, une atrophie musculaire, une fatigue excessive ou une soif anormale. Une hyperinsulinisme ou un excès de cortisol peuvent également déclencher l’inflammation des lamelles.
Les troubles de la vascularisation
Certains facteurs empêchent un flux sanguin adéquat vers les pieds, contribuant à la dégradation des lamelles. Parmi eux :
- Une utilisation prolongée de corticostéroïdes ou d’injections stéroïdiennes, notamment chez les chevaux atteints de Cushing
- Une immobilisation prolongée en box ou sur une remorque
- Une course ou un entraînement intensif sur des surfaces dures provoquant des traumatismes
- Une surcharge pondérale du membre opposé à un pied déjà lésé
Les maladies aiguës et infections
Les affections aiguës comme la colique, la pneumonie ou certaines infections intestinales, notamment la salmonellose, peuvent favoriser une inflammation généralisée et la dispersion d’endotoxines dans le sang, susceptibilité qui peut précéder une fourbure. Chez les juments ayant retenu leur placenta ou souffrant d’infections utérines, une endotoxémie constitue une urgence vitale si la sortie du placenta ne se fait pas dans les 12 heures.
Les substances toxiques exogènes
Parmi celles à surveiller, les copeaux de noyer noir, qui, en contact avec la peau ou ingérés, peuvent provoquer une laminite en 24 à 48 heures. Ces substances altèrent la circulation sanguine et perturbent le rythme cardiaque et respiratoire.
Les signes révélateurs de la fourbure
Les premiers symptômes étant souvent discrets, il est crucial de rester vigilant. La plupart des cas touchent les antérieurs, mais tout pied peut être concerné. Parmi les signaux d’alerte, on trouve :
- Une modification de la posture : le cheval soulage la douleur en adoptant une position différente, souvent en se penchant vers l’arrière si les antérieurs sont concernés.
- Une boiterie soudaine, avec une démarche hésitante, comme si le cheval craignait la douleur, ou incapable de réaliser un virage.
- Une résistance à l’effort ou à tout déplacement.
- Une chaleur palpable au niveau du sabot, particulièrement à la paroi et à la couronne.
- Une accélération du pouls au niveau du sabots.
- Une déformation du sabot, avec notamment un pli dans la paroi de l’orteil.
- Dans les formes chroniques, l’apparition de stries transversales visibles sur la surface de l’onguent.
- Une moindre propension à se tenir debout ou un couchage fréquent.
- Une hausse de température corporelle, pouvant aller jusqu’à une hyperthermie.
Comment diagnostiquer la fourbure
En présence de symptômes évocateurs, une consultation vétérinaire est indispensable. Le praticien procédera à un examen physique complet, évaluant notamment la posture, la température, la texture des sabots, et prendra en compte l’historique médical du cheval. Des analyses sanguines, radiographiques ou échographies peuvent être nécessaires pour déterminer l’étendue de la lésion et confirmer le diagnostic. La prise en compte de tous ces éléments est essentielle pour adapter la stratégie thérapeutique.
Traitements disponibles pour la fourbure
Le traitement doit cibler à la fois la cause sous-jacente et la symptomatologie. Des mesures diététiques, comme un régime restrictif ou une détoxification, peuvent être recommandées en cas de surcharge ou de diabète équin. La lutte contre l’infection ou la gestion de l’endotoxémie implique souvent des traitements drainants et anti-inflammatoires. La cryothérapie, appliquée en continu sur le pied, s’est révélée efficace pour réduire l’inflammation et soulager la douleur. Elle consiste à maintenir une température basse grâce à des poches de glace ou des dispositifs refroidissants.
Les médicaments anti-inflammatoires, comme certains corticostéroïdes, ou des analgésiques, notamment l’aspirine, peuvent également soulager le cheval. La maréchalerie joue un rôle clé, notamment en pratiquant une ferrure spécifique adaptée pour réduire la pression sur le sabot. Enfin, dans les cas graves, une intervention chirurgicale visant à relâcher la tension dans le tendon fléchisseur peut s’avérer nécessaire pour éviter la rotation de l’os.
Une prise en charge précoce offre souvent de meilleures chances de récupération, même si des lésions irréversibles peuvent survenir dans certains cas. La vigilance et la consultation rapide restent donc indispensables.
Comment prévenir la fourbure chez le cheval
Une routine régulière d’entretien des sabots, accompagnée de contrôles vétérinaires périodiques, constitue la première étape pour éviter la maladie. La préservation de la santé métabolique via une gestion adaptée de l’alimentation, notamment la réduction de l’accès à l’herbe riche en sucres ou aux céréales, est également essentielle. Surveiller le poids du cheval et éviter la surcharge pondérale permettent de réduire la pression sur les articulations et les structures du pied.
La détection précoce des troubles métaboliques comme le syndrome métabolique équin ou la maladie de Cushing est aussi un levier crucial. Une gestion précise de la ration alimentaire permettra d’atténuer les risques.
En résumé
La fourbure représente une pathologie grave, exigeant une intervention rapide et adaptée pour limiter ses effets. Si la majorité des chevaux concerné se rétablit, certains peuvent souffrir de lésions permanentes ou développer une forme chronique. La prévention et une vigilance constante restent donc les meilleures stratégies pour protéger ces animaux. En cas de premiers signes, il est impératif de faire appel à un vétérinaire pour intervenir au plus tôt.