La diarrhée chez le cheval, un symptôme fréquemment observé, peut signaler différentes affections. Selon la gravité, elle peut être bénigne ou révéler une pathologie sérieuse. Le propriétaire doit donc prêter une attention particulière à tous les signes qui accompagnent cette perturbation digestive pour décider des mesures appropriées à adopter rapidement.
diagnostiquer l’urgence en cas de diarrhée chez le cheval
Reconnaître un crottin normal d’une diarrhée est une étape essentielle pour tout amoureux des équidés, car cette dernière peut rapidement mettre en danger la vie de l’animal. La sensibilité du système digestif unique et complexe du cheval, principalement concentré dans le côlon et le cæcum, explique sa vulnérabilité face à tout dysfonctionnement intestinal. Ces organes jouent un rôle clé en participant à la digestion et en produisant une grande partie de l’énergie à partir des aliments ingérés. Lorsqu’un relâchement intestinal survient, il peut prendre plusieurs formes :
- Boules fécales peu ou pas formées, évoquant parfois l’aspect de bouse de vache ;
- Selles molles ou pâteuses ;
- Présence de souillures autour de l’anus, de la queue ou des régions postérieures ;
- Brûlures causées par l’acidité lors de la défécation, souvent visibles sur le crin ;
- Selles très liquides ou à l’eau.
L’intensité et la quantité d’eau évacuée peuvent varier considérablement, allant d’un jet soudain à une fuite plus lente le long des postérieurs. La diarrhée peut apparaître de façon soudaine (aiguë) ou durer dans le temps (chronique).
manifestation aiguë
Elle apparaît de manière soudaine sans symptômes précurseurs et ne dure généralement pas plus de 48 heures. Dans ce cas, il se peut que des soins médicaux ne soient pas immédiatement indispensables, mais il reste crucial d’adapter l’alimentation pour limiter la déshydratation et préserver l’équilibre nutritionnel du cheval.
forme chronique
Lorsqu’un cheval présente des épisodes répétés ou une diarrhée persistante au-delà de quatre semaines, une consultation vétérinaire devient impérative. Outre les traitements prescrits, il est essentiel de garantir une hydratation suffisante et d’enrichir son alimentation avec des protéines et des électrolytes pour soutenir sa santé.
quels sont les risques liés à la diarrhée pour le cheval ?
Bien que peu fréquente, une diarrhée non prise en charge ou associée à une cause sous-jacente grave peut être fatale. Sur le court terme, elle favorise la déshydratation, entraîne douleurs et inconfort, puis peut réduire l’appétit et les performances. La perte d’énergie et la diminution de l’absorption des nutriments peuvent également conduire à des carences alimentaires. Lorsqu’elle est abondante et rapide, la diarrhée peut s’accompagner de fièvre, d’un refus de manger, ou d’un amaigrissement progressif, parfois associé à des œdèmes localisés notamment sous la tête ou au niveau du ventre ou du fourreau.
quelles sont les origines de la diarrhée chez le cheval ?
La majorité des cas trouvent leur cause dans des déséquilibres digestifs affectant principalement le gros intestin, mais d’autres facteurs extérieurs peuvent aussi jouer un rôle. L’alimentation occupe une place prépondérante parmi ces déclencheurs, notamment les modifications brusques ou inadéquates de la ration qui déséquilibrent la flore intestinale et perturbent la digestion.
causes liées à l’alimentation
La dysbiose, ou déséquilibre du microbiote intestinal, survient souvent suite à une ingestion d’aliments inadaptés ou à un changement brutal de régime. Parmi les causes alimentaires, on retrouve :
- Une transition alimentaire lors du sevrage ;
- Une alimentation inadéquate, qu’elle soit insuffisante ou excessive ;
- Un déséquilibre en électrolytes tels que magnésium, potassium, sodium ou chlore, avec notamment un excès de magnésium pouvant entraîner une diarrhée par osmose ;
- La qualité et la nature du fourrage, notamment le choix entre herbe fraîche, foin de qualité (luzerne, graminées) non moisi ;
- Une modification soudaine de la nourriture ;
- Une alimentation trop riche en amidon ou en glucides rapides.
Outre l’alimentation, le stress joue également un rôle important, car cet animal d’origine sensible peut réagir par une perturbation digestive face à une situation stressante.
le stress comme facteur fréquent
La réaction de stress peut provoquer une diarrhée aiguë, mais si les causes ne sont pas atténuées, elle peut devenir chronique. La modification hormonale provoquée par cette tension impacte l’appétit et la fonction du système digestif. Parmi les situations génératrices de stress, on peut citer :
- Le confinement en espace réduit ;
- Les transports fréquents ou déplacements en van ;
- Les bruits accablants ou insoutenables ;
- Les mouvements inhabituels ou imprévisibles ;
- Les changements environnants ou dans la dynamique sociale ;
- Le passage d’une écurie à une autre ;
- Les exercices intenses ou de haute intensité.
La présence d’une anesthésie ou de certains traitements peut aussi donner lieu à une diarrhée, en plus du stress lié au jeûne ou au transport préalable à une intervention.
infections et parasites responsables
Comme tout organisme vivant, le cheval peut être infecté par des bactéries, virus ou parasites. Parmi celles fréquemment rencontrées, on trouve :
- Salmonelles ;
- Clostridiose ;
- Rhodococcus équi, surtout chez le poulain ;
- Rotavirus ;
- Cyathostomes larvaires.
La prise en charge nécessite généralement une consultation vétérinaire pour un diagnostic précis et un traitement adapté.
maladies et troubles spécifiques
Certains problèmes pathologiques ou dysfonctionnements internes peuvent aussi entraîner des diarrhées. La prise en charge doit alors être confiée à un professionnel. Parmi eux :
- Ulcères gastriques ou intestinaux ;
- Infections inflammatoires intestinales (AII) ;
- Syndrome de l’eau fécale libre ;
- Présence de lymphome au niveau du tube digestif.
Enfin, des facteurs extérieurs ou liés à un traitement médical peuvent aussi perturber la digestion, par exemple l’ingestion excessive de sable en pâture ou en paddock, ou la toxicité de certaines plantes telles que boutons-d’or, belladone, laurier-rose, glands ou yucca. La consommation prolongée d’anti-inflammatoires non stéroïdiens peut également induire une inflammation du côlon dorsal droit, responsable de diarrhées.
que faire si mon cheval présente une diarrhée ?
Tous les épisodes de selles molles ou abondantes ne nécessitent pas forcément une intervention vétérinaire immédiate. Une surveillance attentive durant les premières 24 heures permet de déterminer si l’évolution impose une intervention ou non.
observation du cheval
Pendant la première journée, il est conseillé d’observer attentivement l’état général de l’animal. Si aucune complication ne survient et si la diarhée se résorbe d’elle-même, une consultation n’est pas forcément nécessaire.
Au-delà d’un jour
Si la diarrhée persiste ou si plusieurs épisodes se produisent, il faut faire appel à un vétérinaire. Il est aussi important de surveiller l’apparition de signes comme :
- Perte d’appétit ;
- Baisse d’énergie ;
- Mauvais état des poils ou de la peau ;
- Résistance accrue à l’effort ;
- Boiteries ;
- Comportements répétitifs ou stéréotypés ;
- Perte de poids notable.
Seul un professionnel peut déterminer la cause réelle de la diarrhée. En attendant, il existe plusieurs mesures pour préserver la santé de votre compagnon :
actions à mettre en place
La priorité est d’éviter la déshydratation en fournissant une hydratation régulière, et d’assurer un apport en électrolytes si besoin. Pour cela, il est recommandé de :
- Mettre à disposition de l’eau propre et fraîche en permanence ;
- Favoriser une hydratation renforcée avec du sel fin ;
- Suppléer à un déficit en minéraux en complétant la boisson avec du magnésium, du calcium, du potassium ou du chlore.
En collaboration avec le vétérinaire, la pose de probiotiques peut aider à rétablir la flore intestinale. La diarrhée est aussi un bon moment pour repenser l’alimentation de votre cheval, afin de lui apporter un environnement plus adapté à ses besoins :
- Éviter la nourriture riche en amidon et en céréales ;
- Intégrer des fibres comme le psyllium ou la pulpe de betterave ;
- S’assurer d’un apport optimal en protéines, selon les recommandations d’un nutritionniste équin, surtout en cas de diarrhée chronique ;
- Vermifuger régulièrement ;
- Aménager des points d’eau propres pour limiter la contamination.
Enfin, pour préserver le confort et la sérénité de votre cheval, privilégiez des petits repas fréquents, sortez-le dans un pré si possible, ou proposez-lui des activités relaxantes en période de stress. La gestion progressive de son alimentation et de ses routines permettra de soutenir son microbiote et de limiter la récidive des troubles digestifs.