Les ânes emblématiques dans la culture et la fiction

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Depuis des millénaires, l’âne est reconnu pour son apparence distinctive, notamment ses longues oreilles et sa robe grise, ainsi que pour sa nature calme et apaisante. Dans l’imaginaire collectif, il véhicule une image chaleureuse et bienveillante. Son histoire remonte à la domestication qui date d’au moins 5000 ans avant notre ère, dans la vallée du Nil, où il accompagnait l’homme dans ses tâches quotidiennes, surtout auprès des populations modestes. La physionomie particulière, la gentillesse de ses traits, ainsi que sa fidélité, ont inspiré une multitude de récits, de fables ainsi que des œuvres cinématographiques. Voici une présentation de sept ânes issus du monde de la fiction.

L’âne de Buridan

Selon la croyance populaire, l’âne de Buridan aurait succombé à la faim et à la soif parce qu’il n’arrivait pas à choisir entre une ration d’avoine et un seau d’eau, restant indécis dans sa décision. Ce récit emblématique, attribué au philosophe du XIVe siècle Jean Buridan, s’inscrit dans une réflexion sur le libre arbitre face au déterminisme. La fable sert à illustrer la difficulté de l’indécision humaine, en montrant un animal incapable de prendre une décision simple et vitale. Avant cette narration, Aristote évoquait déjà cette problématique à travers l’image d’un chien incapable de choisir entre deux aliments appétissants.

Bourriquet, le compagnon de Winnie l’ourson

Dans l’univers de Winnie l’ourson, Bourriquet se distingue par sa nature mélancolique et pessimiste. Ce personnage en peluche, dont la première apparition date des adaptations cinématographiques des studios Disney en 1966, a été offert à un jeune garçon nommé Jean-Christophe pour Noël. Malgré son tempérament apathique, il apprécie la compagnie de ses amis, notamment Winnie l’ourson. Il trouve une certaine consolation dans son mets préféré, des chardons, qu’il reçoit à son anniversaire. Scolairement, Bourriquet possède aussi des capacités d’écriture et enseigne l’alphabet à Porcinet. Avant d’être popularisé par l’écran, il apparaissait déjà dans la série de livres créée en 1926 par Alan Alexander Milne, où il joue un rôle central dans les aventures du petit ourson.

L’âne de Jean de La Fontaine

Jean de La Fontaine, célèbre moraliste du XVIIe siècle, utilisait souvent des animaux pour transmettre ses leçons de vie. Parmi ses fables, celle de l’âne est particulièrement emblématique. Elle met en scène diverses situations illustrant l’entraide, la coopération et les conséquences de l’égoïsme. Par exemple, dans l’histoire de l’âne et du cheval, ce dernier refuse d’aider le premier à porter sa charge, ce qui mène à la mort de l’âne par épuisement. Le cheval, réalisant ses torts, est ensuite contraint de tirer seul la voiture, avec le corps inanimé de l’âne. La morale de La Fontaine insiste sur l’importance de l’entraide mutuelle : dans la société, chacun doit veiller sur l’autre, car le manque de solidarité peut avoir des conséquences désastreuses.

Peau d’âne

Ce conte noble, repris par Charles Perrault en 1694, raconte l’histoire d’une reine mourante qui demande à son mari de ne remarié qu’une femme plus belle qu’elle. Le roi finit par épouser leur propre fille, pensant qu’elle correspond à ce critère, mais la jeune princesse, pour échapper à cet inceste, demande en échange la peau de l’âne magique produisant de l’or, que son père finit par tuer. Déguisée en servante, la princesse s’enfuit, porte la peau de l’âne pour dissimuler sa véritable identité, et finit par être reconnue grâce à une bague laissée tomber dans sa pâtisserie. Le récit se clôt par un mariage heureux entre la princesse et un prince, scellant leur amour dans l’adversité.

Pinocchio et ses oreilles d’âne

Créé par l’écrivain italien Carlo Collodi dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’histoire de Pinocchio débute sous la forme de petits récits hebdomadaires avant d’être adaptée en film par Disney en 1940. La marionnette en bois, fanfaronne et espiègle, subit une transformation progressive en une véritable créature hybride, avec des oreilles d’âne et une queue, en raison de ses excès de jeu, de gourmandise et de désobéissance. Après avoir été vendu à un cirque et jeté en mer, Pinocchio retrouve finalement son créateur Geppetto à l’intérieur d’un poisson, et devient un garçon sage, symbolisant sa mutation vers la maturité et la responsabilité.

L’âne des Musiciens de Brême

Ce conte classique des frères Grimm, publié en 1819, raconte l’histoire d’un vieil âne destiné à l’abattage, qui décide de fuir afin d’échapper à sa fin programmée. En chemin, il forme une alliance avec un chien, un chat et un coq, tous mis à la porte par leurs propriétaires respectifs. Ensemble, ils s’aventurent vers la ville de Brême pour y devenir musiciens. Sur leur route, ils surprennent et effraient des voleurs dans une maison abandonnée, utilisant leur ruse pour leur faire fuir. Finalement, ils s’installent ensemble dans la demeure, où ils vivent en sécurité, réalisant une revanche sur ceux qui les rejetèrent, symbolisant la solidarité entre exclus.

Benjamin, l’âne de George Orwell

Dans son roman satirique La ferme des animaux, publié en 1945, George Orwell imagine une révolte d’animaux contre le fermier Jones, désireux de se libérer de ses abus. Le vieux âne Benjamin, avec son intelligence et son caractère cynique, ressent très tôt que quelque chose de nouveau se prépare dans la ferme. Vivant dans la réserve et sachant lire, il observe avec prudence et reste silencieux, préférant ne pas alimenter de faux espoirs. La révolte mène à l’expulsion de Jones, et Orwell dépeint cette rébellion comme une allégorie de la révolution russe de 1917, dénonçant la dérive totalitaire du régime soviétique sous Staline, tout en restant particulièrement critique envers le pouvoir autoritaire en général.