Le Grand Noir du Berry : un âne de grande envergure et caractériel

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Vous souhaitez découvrir l’âne Grand Noir du Berry ? Reconnu également sous le nom d’“âne berrichon”, ce spécimen occupe la place de la deuxième race d’ânes en France à bénéficier d’un registre officiel, garantissant son identité et sa reconnaissance nationale. Principalement dédié au travail, cet animal possède de nombreuses qualités méconnues dont nous allons faire le point dans cet article détaillé.

Origines de l’âne Grand Noir du Berry

Cette race trouve ses racines dans l’histoire de la région du Berry, une ancienne province située au centre de la France, regroupant notamment les départements de l’Indre et du Cher. Avec l’établissement de la République à partir de 1870, le contexte politique et social a favorisé la mise en valeur des zones rurales. Progressivement, la propriété foncière s’est consolidée pour de nombreux agriculteurs, et dans un contexte de modernisation de l’agriculture, l’âne s’est imposé comme un animal de trait incontournable.

Utilisé aussi bien dans les champs que dans les vignobles, il participait également au transport sur les canaux de Berry et de Briare, en halant les bateaux. La sélection de cette race a été guidée par un désir d’avoir des animaux grands, forts, vifs, mais aussi résistants et dociles. C’est ainsi qu’au fil du temps, ce type d’ânes noirs, robustes et imposants, s’est développé et popularisé.

Au tournant du 20ème siècle, la ville de Lignières, dans le Cher, devient un lieu central pour la commercialisation de ces ânes. Après la Seconde Guerre mondiale, leur nombre restait encore élevé, comme en témoigne leur présence dans diverses scènes du film de Jacques Tati, “Jour de Fête”, tourné à Sainte-Sévère-sur-Indre. Ce n’est qu’à partir de 1994 que cette race a obtenu une reconnaissance officielle, avec le Cher et l’Indre comme ses terres natales.

Les caractéristiques distinctives de l’âne Grand Noir du Berry

À l’âge de 3 ans, un mâle de cette race mesure généralement entre 1,35 mètre et 1,45 mètre au garrot, avec une marge d’erreur de 2 cm, en retirant 5 cm pour les femelles. Son pelage est principalement noir ou combiné avec des zones de poils fauves, ce qui est une particularité qu’on appelle “pangaré”. Ces zones colorées apparaissent sur divers parts du corps, notamment autour des naseaux, sur les flancs, les genoux postérieurs, le ventre, ainsi qu’à l’intérieur des cuisses, tandis que les crins et la peau restent toujours noirs.

Ce spécimen ne présente jamais certains marquages courants chez d’autres équidés, comme une raie de mulet, une bande transversale sur l’épaule ou une croix formée par plusieurs bandes. La couleur du bout du nez, souvent gris-blanc, est surnommée “de biche”. Parfois, cette coloration peut aussi s’étendre aux zones du chanfrein, parfois bordées d’une touche de roux. L’œil est entouré d’un pourtour blanc, qui peut également être teinté de roux. La teinte du ventre, ainsi que celle des zones intérieures des cuisses, est plutôt gris clair.

En période estivale, son pelage devient presque ras, contrairement à l’hiver où les poils sont plus longs. La tête de l’âne est droite, avec des oreilles grandes et ouvertes, sans échancrure. Son encolure robuste, un pectoral large, ainsi que son dos droit façonne une silhouette solide. La partie arrière du corps, ou arrière-main, est bien arrondie, et ses membres sont connus pour leur solidité.

Ce partenaire à longévité peut atteindre, voire dépasser, les 40 ans. Son alimentation doit être équilibrée, adaptée à ses activités pour prévenir des troubles comme la fourbure, une inflammation douloureuse du pied. Son aspect rustique lui permet de résister aux conditions climatiques difficiles, ainsi qu’aux insectes et à certaines maladies. Son régime se compose majoritairement de foin ou d’herbe peu grasse, complété par des minéraux, vitamines et nutriments. En moyenne, il consomme entre 15 et 20 litres d’eau par jour.

L’âne Grand Noir du Berry à l’époque contemporaine

Les départements du Cher, de l’Indre, de la Nièvre et de l’Allier forment aujourd’hui l’essentiel de la zone d’élevage de cette race en France. En 1994, la population recensée comptait moins d’une centaine d’individus. La reconnaissance officielle a permis d’engager des efforts pour préserver cet héritage, même si l’espèce continue de faire face à des défis pour s’adapter au contexte actuel.

Actuellement, on estime le nombre d’ânes Grands Noirs du Berry entre 1500 et 2000, incluant mâles et femelles. Une partie de cette population est exportée vers des pays voisins comme la Belgique, l’Allemagne ou la Suisse. Cependant, en 2020, seulement 27 nouveaux naissances ont été enregistrées dans l’Hexagone, ce qui alarme les spécialistes quant à un risque imminent d’extinction si aucune mesure de sauvegarde n’est renforcée.

Ce type d’âne demeure principalement utilisé pour le travail, notamment dans l’attelage de loisir ou dans des activités de tourisme écologique. Son endurance et sa docilité en font un choix idéal pour le “tourisme vert”. Par ailleurs, sa popularité croissante dans les compétitions d’attelage témoigne de ses qualités. Les établissements agricoles de la région encouragent sa promotion auprès des jeunes générations, notamment dans le cadre de pratiques agricoles durables comme le maraîchage biologique.

Crédit photo : Eponimm