Depuis plusieurs décennies, la mécanisation accrue de l’agriculture a conduit à une diminution de l’utilisation des ânes dans les paysages français. Cependant, ces animaux reprennent progressivement du terrain depuis la fin du 20e siècle. Actuellement, on recense sept variétés différentes d’ânes en France, chacune étant associée à une région spécifique du territoire français.
Origines de l’âne normand
L’origine géographique de l’âne normand se situe principalement dans cinq départements de Normandie, à savoir le Calvados, la Manche, l’Orne, l’Eure et la Seine-Maritime, ainsi que dans deux départements des Pays de la Loire, la Mayenne et la Sarthe. Dans ces zones, cet animal était notamment exploité pour répondre aux besoins liés aux activités agricoles et à l’élevage dans le bocage et les cultures maraîchères. Entre la seconde moitié du 19ème siècle et le début des années 1960, l’âne était couramment utilisé pour transporter le lait depuis les champs jusqu’aux laiteries. La race est considérée comme la plus petite des sept races françaises d’ânes et a été officiellement reconnue par le ministère de l’Agriculture en 1997.
Caractéristiques
L’âne normand se distingue par une taille comprise entre 1,10 m et 1,25 m au garrot, avec un poids oscillant entre 170 et 220 kilogrammes. Les éleveurs privilégiaient des animaux légers afin de réduire l’impact sur la terre tout en leur conférant une grande robustesse pour le travail. Contrairement à certaines autres races, une variété de robes est acceptée dans le registre généalogique, la principale étant le brun foncé, souvent comparé au café torréfié. Des nuances telles que le noir avec zone pangaré, caractérisé par une robe presque noire agrémentée de zones plus claires, sont également tolérées. La plupart de ces ânes arborent une bande foncée dessinée en croix sur le dos, et leurs membres peuvent présenter ou non des zébrures. La queue possède la même teinte que le pelage. La face inférieure, incluant le ventre, les parties internes des membres et l’aine, présente des nuances de gris ou blanc. La tête, quant à elle, partage la couleur de la robe jusqu’au mi-chanfrein, et le nez est assorti à la teinte inférieure du corps. Les yeux sont entourés de poils gris ou blancs, parfois teintés d’éclats roux.
La tête de cet animal est droite et proportionnée, avec de grands yeux expressifs et vifs. Les oreilles sont bien dressées, verticales. Son encolure est plus fine comparée à celle de l’âne de Provence, mais l’ensemble reste puissant, doté d’un thorax large. La courbure du dos est modérée, soulignant une musculature solide, avec des reins robustes et une arrière-train volumineuse. Les membres sont robustes et stables, témoignant de sa force physique.
L’âne normand aujourd’hui
Tout comme d’autres races d’ânes, l’âne normand possède un tempérament calme, paisible et rustique, ce qui en fait un animal facile à entretenir. Cependant, sa race reste fragile, avec seulement une centaine d’éleveurs actifs et un peu moins de 800 individus recensés en 2021. La reproduction annuelle est limitée, avec environ 7 naissances d’ânons enregistrées chaque année par le principal éleveur. Pour assurer la sauvegarde de cette race, il est crucial de développer des débouchés, en particulier dans les régions d’origine, afin d’assurer une véritable valorisation de leur territoire. En outre, elle doit faire face à la concurrence d’autres races d’ânes à préserver.
Malgré ces défis, l’âne normand possède encore un potentiel dans le milieu agricole contemporain. Ses compétences naturelles sont particulièrement adaptées à des activités telles que le maraîchage ou le débardage. Sa nature douce et sa taille réduite en font également un compagnon idéal pour la randonnée en famille, apportant convivialité et complicité lors de balades.
Vivre avec un âne normand
La durée de vie moyenne de cet animal tourne autour de 40 ans. Comme pour d’autres races, il est essentiel de veiller à une alimentation équilibrée et modérée, car l’âne normand est sensible aux excès énergétiques, pouvant entraîner des problèmes comme les coliques ou la fourbure. En période froide, une alimentation à base d’herbe peut suffire, mais l’ajout de fourrage s’avère souvent nécessaire, surtout si le terrain est pauvre ou en hiver. Lorsqu’il est utilisé pour le travail, il est important de lui fournir une nourriture adaptée pour éviter toute sous-alimentation. La mise à disposition d’une source de sel en libre-service, particulièrement en hiver, contribue à sa santé, tout comme une source d’eau claire d’au moins 10 litres par jour.
Bien que rustique, cet âne reste sensible au froid et à l’humidité. La sécurité de l’animal exige la construction d’un abri adéquat, capable de le protéger contre les intempéries lorsqu’il évolue en extérieur.