Est-il possible pour un lapin domestique de redevenir sauvage après sa relâche en nature ?

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Offrir la liberté à un lapin de compagnie est une idée que certains considèrent comme un geste bienveillant, pensant que cela lui permettrait de retrouver sa vie sauvage. Cependant, cette pratique est non seulement interdite, mais elle engendre également de nombreux risques pour l’animal : carences alimentaires, attaques de prédateurs, exposition à des températures extrêmes, accidents sur la route… Comme vous le découvrirez ci-dessous, un lapin domestique ne peut pas s’adapter pour survivre dans l’environnement naturel, et le relâcher revient à le condamner à une mort certaine.

La provenance du lapin domestique, un animal façonné par l’élevage humain

Pour saisir pourquoi un lapin amené à la vie en captivité a peu de chances de survivre dehors, il faut connaître ses origines. Cette espèce, désignée sous le nom scientifique d’Oryctolagus cuniculus domesticus, a été issue du lapin de ferme sauvage appelé garenne. Depuis le Moyen Âge, l’humain a sélectionné et domestiqué cette espèce pour le consommer ou l’élever. Appelé cuniculture, cette pratique a permis d’obtenir des animaux plus dociles, à l’allure variée, avec différentes tailles et couleurs. Toutefois, ces modifications ont aussi rendu le lapin dépendant de l’homme pour sa nourriture et sa protection.

Un lapin domestique, un animal peu adapté aux situations de danger

Un lapin élevé en intérieur a été habitué à vivre dans un environnement sécurisé et confortable, ce qui a modifié son cerveau et ses réactions face au danger. Les animaux n’ont plus leurs instincts sauvages, ni leur capacité à réagir face à une menace soudaine. Leur sensibilité au stress est élevée, et le simple fait de les placer dans un cadre inconnu ou hostile peut provoquer leur mort prématurée.

L’isolement et la solitude : un défi pour le lapin relâché

En tant qu’animal social, le lapin bénéficie de la compagnie de ses semblables pour son équilibre. Sa construction psychologique fait de lui un animal peu peureux, mais il peut également faire preuve d’une confiance exagérée envers d’autres espèces. Lorsqu’il est lâché dans la nature, il se retrouve seul face à un environnement qu’il ne connaît pas, sans sa famille ni conspecifices pour l’aider. Il doit alors apprendre à construire un abri, tâche à laquelle il n’est pas préparé. De plus, s’il croise un groupe de lapins sauvages, ceux-ci peuvent le percevoir comme une intrus et le repousser, car leur territoire leur est vital.

La difficulté pour un lapin domestique de se nourrir seul

Dans la nature, un lapin sauvage maîtrise parfaitement ses ressources alimentaires, contrairement à un animal domestique. Celui-ci se nourrit principalement de foin, qui l’aide aussi à user ses dents. Dans un milieu naturel, il aurait du mal à trouver une nourriture adaptée, et ce qu’il consommerait pourrait être dangereux ou toxique. Par exemple, manger des végétaux contaminés par des pesticides ou des engrais peut le rendre malade. Ne pouvant pas vomir, il risquerait la mort en ingérant des aliments impropres ou toxiques. Par ailleurs, ses dents, qui ont été entretenues par une alimentation contrôlée, peuvent devenir trop longues, empêchant toute ingestion correcte.

La vulnérabilité face aux prédateurs naturels

En milieu sauvage, un lapin doit faire preuve d’une vigilance constante pour détecter un danger éventuel. Il peut courir vite pour se mettre à l’abri, mais sa durée de vie reste courte, généralement entre 2 et 3 ans, en raison de la prédation. La liste de ses ennemis est longue : renards, fouines, blaireaux, chiens, chats, buses ou chouettes. La masse plus importante des lapins domestiques, résultat de la sélection artificielle, les ralentit dans leur fuite. Leur pelage souvent atypique, choisi par l’éleveur, se détache peu du paysage naturel, ce qui augmente leur visibilité. En outre, les parasites comme tiques, puces ou acariens, qui abondent dans la végétation, peuvent leur transmettre des maladies graves, voire mortelles.

Le danger du froid pour un lapin lâché dans la nature

Habituellement, le lapin domestique vit dans un environnement intérieur, où la température est stabilisée. S’il est libéré en milieu extérieur, il doit faire face à des conditions climatiques extrêmes. En période de chaleur excessive, sa fourrure dense peut provoquer un coup de chaleur fatal. En hiver, il risque de succomber au froid s’il n’est pas à l’abri. Incapable de supporter la pluie ou la neige, il ne possède pas les réflexes pour se protéger. Lorsqu’il est mouillé, son pelage met longtemps à sécher, ce qui peut entraîner une hypothermie, avec des conséquences dramatiques.

Relâcher un lapin domestique : un acte cruel et illégal

Au-delà des risques naturels, un lapin relâché dans la nature peut être victime d’accidents, comme une collision avec un véhicule. La mise en liberté de cet animal, qui n’a pas développé les compétences pour vivre en dehors de son habitat contrôlé, constitue un acte de cruauté. En effet, l’abandon d’un animal domestique dans la nature ou sur la voie publique est considéré comme un délit, passible de deux ans de prison et d’une amende pouvant atteindre 30 000 €.