Depuis l’Antiquité, l’élevage de pigeons occupe une place importante dans la relation entre l’homme et ces oiseaux. On distingue deux activités principales : la colombophilie, qui consiste à entraîner et faire concourir des pigeons voyageurs, et la colombiculture, qui concerne la détention ainsi que l’élevage de pigeons domestiques.
Historiquement, le droit de posséder un pigeonnier était réservé aux seigneurs jusqu’à la Révolution, moment où cette restriction a été levée. Cela a favorisé une explosion de l’intérêt pour l’élevage de ces oiseaux en France, en rendant accessible un privilège jusque-là réservé. Au fil des guerres mondiales, la possession de pigeons a été interdite par l’occupant allemand, et après la Seconde Guerre mondiale, la pénurie de grains a durci la pratique de l’élevage, réduisant considérablement leur nombre.
En liberté, la durée de vie des pigeons se limite généralement à 3 ou 6 ans, tandis qu’en captivité, ils peuvent vivre jusqu’à 15 ans. Ce volatile est naturellement monogame, le couple restant uni jusqu’au décès de l’un des deux. Il peut commencer à se reproduire dès qu’il atteint cinq ou six mois, avec une saison reproductrice qui s’étale de la fin janvier à la fin septembre, permettant à la femelle de couver plusieurs fois, généralement entre 5 et 7 nichées de deux petits chacun.
Choisir ses pigeons
Pour débuter, il est conseillé de se concentrer sur une seule race, afin de mieux maîtriser leur élevage. Votre choix doit prendre en compte non seulement l’aspect esthétique, mais aussi des critères liés à votre objectif : consommation, compétitions, compagnie ou décoration. Certaines races, plus exigeantes ou difficiles à élever, sont à éviter pour les novices. Lors de l’achat, le pigeon doit montrer un comportement vif et posséder un plumage brillant.
Baguer et vacciner ses pigeons
Il est essentiel de installer une bague sur chaque pigeonon nouveau-né, dès le 7e jour, pour lui attribuer une identité qui indique son origine et son éleveur. Au-delà de la 12e journée, la taille des pattes empêchera la pose. Il est recommandé de vérifier que la bague est toujours en place le lendemain de sa pose. Bien que non obligatoire, la prévention par vermifuges biannuels et traitements contre la trichomonose est conseillée. Si l’on souhaite faire participer ses pigeons à des concours ou expositions, la vaccination contre la paramyxovirose est nécessaire, accompagnée d’une attestation à présenter lors de l’événement.
Créer un environnement adapté
Les pigeons peuvent être élevés en liberté ou en parcours libre, mais cela impose un respect rigoureux de la réglementation. La migration naturelle des mâles vers leur pigeonnier d’origine facilite ce mode d’élevage, contrairement aux femelles. Toutefois, il est généralement préférable d’opter pour une volière, qui offre un espace sécurisé et contrôlé.
Un bâtiment dédié doit comporter deux parties distinctes :
- une zone close à claire-voie, désignée comme la volière,
- et le pigeonnier, équipé de cavités pour les nids.
L’entretien des locaux est primordial pour la santé des oiseaux. Il faut veiller à éviter la surpopulation, l’humidité excessive, ainsi que les courants d’air. Surveiller régulièrement l’état sanitaire des pigeons permet de détecter rapidement toute maladie.
La volière doit être fabriquée avec un grillage à mailles fines pour empêcher l’invasion par des nuisibles comme les moineaux. Sa hauteur minimale recommandée est de 2,50 mètres, et la surface doit être adaptée au nombre d’oiseaux, en comptant 1 m² par couple. Elle doit également comporter des perchoirs, une zone protégée contre la pluie et le vent, et un système de drainage pour éviter l’accumulation d’humidité.
Le pigeonnier doit être spacieux, bien ventilé (en prévoyant environ 1 m³ par couple) et lumineux. Ses ouvertures doivent être protégées des éléments climatiques comme la pluie ou le vent. Chaque couple doit disposer d’un nid, dont la taille varie selon la race – généralement entre 25 x 25 cm pour les plus petites et 35 x 35 cm pour les plus grandes. Un simple carton peut suffire comme nid.
Il est conseillé de pulvériser un insecticide à l’intérieur du pigeonnier deux fois par an et de mettre en quarantaine tout nouvel oiseau dans une cage séparée pour éviter la propagation éventuelle de maladies.
Une alimentation adaptée pour des pigeons en bonne santé
En captivité, le pigeon se nourrit principalement de graines, mais dans la nature, il consomme aussi des petits animaux comme des escargots, des lombrics ou des plantes grasses. La nourriture des pigeoneaux en élevage est d’abord composée de lait de jabot, produit par les parents par régurgitation, puis évolue vers une alimentation à base de grains ramollis.
Les adultes sont nourris en trois repas durant l’été et en deux en hiver. Leur régime doit leur fournir tous les nutriments essentiels : protéines, glucides, lipides, minéraux et oligo-éléments. Pour cela, beaucoup d’éleveurs confectionnent leurs propres mélanges à partir de céréales comme le blé, le maïs et les pois, en veillant à ce que la nourriture soit propre et sèche, sans contamination par des rongeurs ou d’autres nuisibles.
Leur alimentation doit également s’adapter durant la période de mue, moment où ils renouvellent leur plumage. Des compléments en cystine et lysine sont recommandés pour favoriser un plumage de qualité. Il est primordial de ne pas trop nourrir les oiseaux : leur appétit est rapide et leur estomac se vide en moins de vingt minutes, il faut donc ajuster la ration en conséquence. Enfin, leur accès à de l’eau fraîche et propre en permanence est indispensable.
Commencez votre élevage avec quelques couples et évitez de vous lancer dans la multiplication immédiate. Les pigeons sont généralement de très bons reproducteurs, et l’expérience progresse rapidement. La patience et la modération seront vos meilleures alliées pour réussir votre projet aviaire avec Tendances et animaux.