Connaissez-vous la distinction récente « Ville amie des animaux » ? Si vous avez déjà aperçu un panneau en entrée de commune illustré par des empreintes de pattes, mais que vous ignoriez sa signification, cet article vous éclairera.
Origine et création de ce label
La certification « Ville amie des animaux » a été lancée par la région Île-de-France en 2020. Elle a été conçue dans le but de mettre en avant les municipalités qui adoptent des démarches pour améliorer le quotidien des animaux domestiques, tout en luttant contre la maltraitance et l’abandon.
La genèse de cette initiative remonte à un rapport de mission élaboré par Sylvie Rocard, alors Secrétaire générale de la Fondation Tendances et animaux, et Sophie Deschiens, spécialiste de l’économie circulaire.
Pourquoi ce label a-t-il été institué ?
La région Île-de-France, avec ses plus de 12 millions d’habitants, représente une zone extrêmement peuplée et densément habitée, se plaçant parmi les régions les plus prospères d’Europe en termes de revenu moyen. Cependant, de fortes inégalités sociales persistent. En 2018, le Conseil régional a lancé la démarche « Région Solidaire » pour encourager les habitants à agir en faveur de la solidarité, notamment dans des zones où les dispositifs sociaux classiques sont insuffisants. Parmi ces actions, un volet est dédié à la protection des animaux de compagnie. La présence d’animaux auprès des personnes isolées, souvent considérés comme les derniers liens sociaux, ou en situation de précarité, est particulièrement valorisée. De surcroît, le rapport insiste sur l’importance d’assurer leur alimentation, leur santé, et leur sécurité, évitant ainsi tout maltraitance.
Des études montrent que posséder un chien peut diminuer de plus d’un tiers le risque de maladies cardiovasculaires graves. Néanmoins, la prise en charge financière de l’animal — alimentation, soins ou dressage — est souvent sous-estimée. La problématique de leur garde lors de départs ou d’hospitalisations est aussi évoquée.
Enfin, il apparaît essentiel de soutenir le marché des animaux de compagnie, en pleine croissance, tout en soulignant que la question animale devient un enjeu social majeur, difficile à ignorer. La région a souhaité attirer l’attention sur la lutte contre la maltraitance animale, afin de casser le silence qui entoure encore cette problématique, malgré la législation nationale. À l’issue du rapport, la région s’est positionnée comme une « amie des animaux ».
Qui peut bénéficier de ce label ?
La distinction « Ville amie des animaux » est décernée chaque année aux municipalités qui valorisent la place des animaux dans la vie urbaine et mettent en œuvre des actions concrètes pour leur protection.
Le label se décline en trois niveaux, symbolisés par des empreintes de pattes. Chaque étape révèle un engagement croissant dans la protection et la valorisation du bien-être animal, avec des actions plus développées à chaque degré.
Sans restriction particulière, toutes les communes d’Île-de-France peuvent déposer une candidature chaque année. Celles ayant déjà obtenu une ou deux empreintes et ayant initié de nouvelles démarches ont la possibilité d’accéder au grade supérieur.
Critères d’attribution du label
Le jury, composé de spécialistes de la cause animale et de représentants d’associations de protection, évalue chaque dossier selon six critères principaux :
- L’engagement global en faveur du bien-être animal ;
- La quantité et la qualité des initiatives visant à sensibiliser la population ;
- Le soutien apporté aux associations locales œuvrant pour la protection des animaux ;
- La mise en place d’équipements publics favorables aux animaux (caniparcs, nichoirs, cimetières pour animaux…) ;
- Le soutien aux populations vulnérables, en lien avec les animaux ;
- Les actions de médiation impliquant la présence animale.
La philosophie derrière ce label
Ce dispositif repose sur une vision globale visant à assurer le bien-être des animaux de compagnie dans chaque ville ou commune. Les critères d’évaluation se concentrent sur trois axes principaux :
- Favoriser le respect du bien-être animal, notamment en facilitant l’adoption d’animaux perdus ;
- Aménager l’espace urbain pour accueillir la présence animale, à travers par exemple des zones dédiées ou des lieux de repos ;
- Renforcer le rôle des animaux domestiques auprès des populations fragiles ou en situation difficile.
Exemples de collectivités distinguées
Certaines municipalités se sont particulièrement illustrées en recevant la distinction « Ville amie des animaux, 3 pattes ».
La ville de Boulogne-Billancourt a été distinguée à deux reprises, en 2022. La commune de Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne, a été récompensée avec la mention « 3 pattes avec félicitations », tout comme Mennecy (Essonne) ou Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Montreuil, par exemple, a pris la décision dès 2009 de ne plus accueillir d’animaux sauvages dans les cirques. En 2021, le Conseil municipal a indiqué que l’obtention de ce label s’inscrivait dans une politique plus large, visant :
- La réussite de son projet social et écologique ;
- La gestion responsable de la faune urbaine et des animaux sauvages ou errants ;
- La sécurisation de l’espace public, en alertant sur les droits et devoirs de chacun.
En 2022, la région Île-de-France a décerné cette distinction à 58 nouvelles villes, portant ainsi à 102 le nombre de communes labellisées. Encouragée par ce succès, d’autres territoires ont adopté la même démarche. La région Sud, notamment, s’est inspirée de cette initiative. Par ailleurs, la Fédération Tendances et animaux envisage de créer un label « Villes et villages amis des animaux », inspiré du modèle « Villes et villages fleuris », en proposant jusqu’à six niveaux d’engagement, en fonction de l’action menée pour la cause animale.