La substance utilisée pour éliminer les rats est un produit destiné à exterminer les rongeurs, communément appelé rodenticide. Avec la prise de conscience croissante du respect de la vie animale, son usage peut susciter des réactions contrastées. Cependant, il est crucial de considérer que ces petits animaux peuvent engendrer des dégâts matériels, disseminer des maladies ou contaminer des denrées alimentaires. Pour ces raisons, la lutte contre leur invasion s’avère nécessaire dans certaines situations. C’est dans cette optique que le rodenticide a été créé. Bien que principalement composé de composés chimiques nocifs, ce type de produit a été remplacé progressivement par des alternatives plus sûres pour éviter tout danger aux êtres humains.
Les premiers produits de contrôle des rongeurs
Historiquement, la lutte contre les rongeurs reposait sur des substances comme l’arsenic ou le thallium, qui se révélaient extrêmement toxiques, y compris pour l’humain. Ces produits ont été interdits aujourd’hui. Par la suite, la warfarine est apparue comme une solution plus ciblée et moins risquée. Introduite dans les années 1940, cette molécule appartient à la famille des anticoagulants de type coumarines. Elle agit en altérant la capacité du sang à coaguler, provoquant ainsi des hémorragies internes fatales chez les rongeurs. La warfarine est également utilisée en médecine humaine pour certains traitements.
Évolutions et nouvelles générations
Par la suite, des anticoagulants de seconde génération ont été développés pour surpasser la warfarine. Plus puissants, ils nécessitent des doses plus faibles et ont permis de pallier la résistance qu’avaient certains rongeurs à la première génération. Parmi ces nouveaux produits, on retrouve le brodifacoum, le bromadiolone ou encore le difenacoum, que l’on retrouve aujourd’hui dans la majorité des solutions antivariés disponibles en France.
Une autre substance, l’alpha-chloralose, a été conçue comme un sédatif et un anesthésiant. En cas d’ingestion par un rongeur, il engendre une baisse de température corporelle et une dépression du système nerveux, conduisant rapidement à la mort. Son efficacité est renforcée lors des températures basses et son mode d’action limite les risques de contaminations secondaires chez d’éventuels prédateurs ou charognards.
On retrouve aussi la brométhaline, un neurotoxique mis au point dans les années 1970. Elle cible le système nerveux central, paralysant puis tuant le rongeur par défaillance organique due à l’interruption de la production d’ATP, l’énergie cellulaire essentielle. L’usage de cette substance est pour l’instant restreint aux États-Unis.
Le phosphure de zinc est un autre toxique très puissant, qui lorsqu’il entre en contact avec des acids digestifs, libère du gaz phosphine, très toxique. Il endommage rapidement le système digestif et provoque une défaillance organique. Ce produit est autorisé en France depuis 2017.
Le cholécalciférol, aussi appelé vitamine D3, est une autre option. En grandes quantités, il entraîne une hypercalcémie, pouvant provoquer une léthargie suivie de la mort du rongeur, souvent environ 24 heures après ingestion. Il est notamment utilisé en combinaison avec d’autres anticoagulants pour combattre certains rongeurs résistants.
Ces produits présentent-ils un danger ?
Il ne fait aucun doute que ces substances comportent des risques et requièrent une manipulation prudente. La réglementation sur leur usage diffère d’un pays à l’autre. Ces produits se présentent sous différentes formes, comme des granulés, des blocs ou des pâtes, souvent imprégnées d’appâts alimentaires pour attirer les rongeurs. En France, depuis 2011, les formulations concentrées en poudre ou liquide ont été supprimées au profit de préparations prêtes à l’emploi, pour limiter les risques accidentels.
Au sein de l’Union européenne, un cadre réglementaire strict encadre leur utilisation, notamment pour limiter l’accès au grand public. Les anticoagulants de seconde génération, qualifiés de SGARs, ne peuvent souvent être utilisés qu’en milieu professionnel, sous surveillance qualifiée. Aux États-Unis, l’Environmental Protection Agency (EPA) impose également des restrictions rigoureuses, notamment l’obligation d’emballages sécurisés pour réduire tout risque pour les enfants et animaux domestiques. Certains rodenticides sont même interdits à la vente aux consommateurs pour éviter tout usage non contrôlé. Au Canada, une réglementation similaire est également en vigueur, visant à protéger à la fois la faune et l’environnement.
Existe-t-il d’autres méthodes ou produits pour contrôler les rongeurs ?
De nouvelles stratégies de gestion intégrée des nuisibles se développent, privilégiant des solutions non chimiques. Parmi elles, les pièges mécaniques ou les barrières physiques offrent des alternatives sans danger pour l’environnement. Par ailleurs, certains produits à base de composants naturels sont proposés, bien que leur efficacité reste encore à confirmer. Des technologies innovantes permettent aussi de mieux surveiller la présence de rongeurs et de coordonner des interventions ciblées.
Malgré ces progrès, le risque d’ingestion accidentelle par les animaux domestiques persiste, notamment par la consommation de rongeurs déjà contaminés. En cas de suspicion d’intoxication, il est vivement conseillé de consulter rapidement un vétérinaire en lui fournissant le maximum d’informations, notamment la composition du produit ingéré si possible.
Que faire si un chien ou un chat ingère de la mort aux rats ?
Lorsqu’un animal domestique avale un anticoagulant, le sang devient plus fluide et les risques d’hémorragie augmentent. Selon la zone affectée, les symptômes peuvent varier : fatigue extrême, perte d’appétit, pâleur des muqueuses ou saignements visibles au niveau des gencives, du nez ou même des griffes. Ces signes apparaissent généralement dans un délai de 24 à 48 heures après l’ingestion.
Si l’on suspecte un empoisonnement, il est crucial d’agir rapidement. En moins de deux heures, il peut être possible de faire vomir l’animal pour limiter l’absorption du poison. Après ce délai, le vétérinaire pourra administrer un antidote et suivre un traitement sur plusieurs semaines. Il est indispensable de communiquer le plus d’informations possible, notamment la composition de la substance ingérée, pour optimiser les chances de récupération.
Y a-t-il des risques mortels pour l’homme en cas d’ingestion de rodenticide ?
La majorité des accidents concerne principalement les animaux, avec environ 70 % des cas. Cependant, pour les 30 % restants, l’exposition concerne aussi bien les enfants que les adultes. Chez l’enfant, il s’agit majoritairement d’incidents accidentels impliquant de faibles quantités ingérées, souvent camouflées par des agents amérisants dont le goût amer incite à rejeter le produit. Chez l’adulte, 20 % des cas résultent d’une ingestion volontaire.
Les composés chimiques évoqués peuvent également être ingérés par des prédateurs naturels comme des renards, des buses ou des chouettes, qui jouent un rôle dans la régulation des populations de rongeurs. Des dispositifs de sécurité comme des boîtes à appât équipées d’une clé sont conçus pour permettre aux rongeurs d’accéder à l’appât tout en empêchant que des enfants ou animaux non ciblés ne puissent en faire l’expérience. En complément, l’utilisation de pièges vivants, permettant de capturer et relâcher les rongeurs loin de votre domicile, constitue une alternative non létale efficace pour limiter leur présence.