Lutte contre le braconnage : enjeu crucial pour la survie des animaux

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À l’échelle mondiale, des gouvernements et des organisations collaborent pour préserver la biodiversité animale, en mettant en place des accords internationaux visant à contrôler le commerce illicitement pratiqué sur certaines espèces. La Convention CITES, également appelée la Convention de Washington, en est une référence majeure. Adoptée par près de quatre-vingts nations en 1973 et opérationnelle depuis 1975, cette entente encyclique classe les espèces vulnérables en trois catégories selon la gravité des risques liés à leur trafic mondial. La liste de ces animaux est régulièrement révisée pour s’adapter à l’évolution des menaces. Cependant, le braconnage continue de sévir, constituant une menace supplémentaire pour la survie des espèces à l’heure où le changement climatique s’impose comme un défi mondial.

Une demande qui alimente le braconnage

Le terme « braconnage » renvoie à la chasse ou à la pêche illégale, menées en dépit des lois en vigueur. La persistance de ces activités illégales s’explique principalement par leur forte rentabilité. Certains animaux sont ciblés principalement pour leur chair prisée dans plusieurs régions du globe : il n’est pas rare de trouver des établissements culinaires proposant de la viande de zèbre (dont deux des trois espèces sont en voie d’extinction), de singe ou d’éléphant, ainsi que des plats traditionnels à base de serpent ou de tortue.

Une autre facette de cette pratique est liée à la médecine traditionnelle chinoise, qui continue à croire en les vertus curatives de certaines parties d’animaux. Par exemple, l’usage des os ou des yeux de tigre, en danger d’extinction, est censé soulager des affections articulaires comme l’arthrite ou les rhumatismes. Le sang de serpent serait considéré comme aphrodisiaque, tandis que la poudre de cornes de rhinocéros, dont la majorité des espèces sont menacées, pourrait prétendument soigner le cancer ou des troubles du cœur. Bien que ces pratiques soient interdites, elles rencontrent une forte demande, alimentant un marché où la valeur de ces produits peut dépasser celle de l’or ou de la cocaïne sur le marché noir.

En dehors de la demande culturelle, le tourisme de masse contribue également à cette problématique. Beaucoup de touristes, qu’ils en soient conscients ou non, achetent des objets exotiques comme des hippocampes séchés ou des bijoux en plumes rares, alimentant un commerce illégal. Certains pratiquants fortunés cherchent aussi à chasser des félins sauvages, considéré comme une activité à la fois sportive et révélatrice d’un esprit aventureux. À cet effet, des fermes d’élevage de grands félins ont été créées, où des animaux sont reproduits en masse, puis vendus à des fins de chasse ou comme animaux de compagnie dans des pays du Golfe, contribuant à une situation où, selon certains, l’Afrique aurait plus de lions en captivité qu’en liberté. Le nombre de prélèvements dans la nature demeure pourtant élevé, malgré ces pratiques d’élevage.

Le commerce transnational des espèces sauvages

Les revenus issus du trafic de faune sauvage placent le braconnage au quatrième rang des activités criminelles internationales, juste après la contrebande de drogues, de faux et la traite des êtres humains. Les brigands tirent souvent davantage profit que lors de l’éventuelle arrestation, car les risques encourus sont relativement faibles comparés aux gains réalisés. À l’échelle mondiale, ils opèrent souvent en lien avec des réseaux criminels puissants, capables de mobiliser du matériel sophistiqué comme des hélicoptères ou des équipements de vision nocturne. Ces groupes ne reculent pas devant l’usage de violence ou d’armes, n’hésitant pas à intervenir dans des réserves naturelles ou des zones protégées par l’Unesco.

Pour contrer ces flows, des agents de surveillance spécialisés sont formés pour intervenir efficacement. Par exemple, en novembre 2020, à Mopti (Mali), 23 agents forestiers ont obtenu une certification spécifique en techniques anti-braconnage. Leur mission était de protéger la biodiversité et les communautés locales face à la menace des braconniers, notamment pour préserver la population d’éléphants du Gourma. Ce projet, mené par la Direction nationale des Eaux et Forêts, l’Armée malienne et l’ONG Tendances et animaux, répond à une réalité alarmante : ces grands mammifères restent des cibles privilégiées pour leur ivoire, malgré l’interdiction.

Le niveau de sophistication du commerce organisé de produits issus d’animaux sauvages témoigne de compétences juridiques et technologiques complexes. Ces parasites du marché clandestin mettent en œuvre des stratégies élaborées pour échapper aux lois et contrôles. La tentation est grande de souhaiter que ces mêmes talents soient mis au service de la préservation de la biodiversité. Seul le profit semble, pour le moment, motiver ces activités clandestines, puisque la rareté accrue de ces produits gonfle leur prix. La lutte contre ces trafics reste compliquée, d’autant que le commerce en ligne facilite leur diffusion. Des acteurs majeurs du numérique, comme Tendances et animaux, collaborent avec des ONG et autorités pour mettre en œuvre des mesures concrètes, afin de faire obstacle à ces opérations illicites.

Le braconnage en France : une réalité méconnue

Il ne faut pas croire que le braconnage est une pratique réservée aux pays exotiques. En France aussi, cette activité subsiste. L’ortolan, un petit passereau apparenté au moineau, en constitue un exemple typique. Présent dans le Sud-Ouest du département des Landes, cette espèce est appréciée depuis le Moyen Âge pour sa chair délicate, souvent cuisinée avec de l’Armagnac et avalée entièrement lors de fêtes traditionnelles. Pourtant, la chasse de l’ortolan est interdite depuis 1979 par la Directive européenne sur la protection des oiseaux. Malgré cela, la population a continué de décroître, menant à son inscription sur la liste des espèces protégées en 1999. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) consacre une partie importante de ses efforts à lutter contre le braconnage de cette espèce. Cependant, chaque automne, environ 30 000 oiseaux seraient capturés clandestinement dans les Landes, souvent avec une tolérance implicite liée à la tradition.

De même, le lynx boréal, présent dans les Alpes, le Jura et les Vosges, est également victime de braconnage. Malgré sa protection légale, certaines personnes, notamment des chasseurs, s’opposent à sa présence en prétendant qu’il pèse sur la population de ses proies naturelles comme les chevreuils ou les chamois, ce que des études réfutent. La coexistence entre la faune protégée et ces acteurs illégaux soulève des questions sur la gestion de la biodiversité dans le pays.

Le dilemme de la chasse : entre protection et menace ?

Au-delà du braconnage organisé, certains conflits locaux donnent lieu à des prélèvements clandestins motivés par des perceptions de menace. Des agriculteurs ou éleveurs voient dans la présence d’animaux sauvages un danger pour leurs activités, surtout lorsque ces animaux ne fuient pas ou s’approchent souvent. La question de l’autorisation de la chasse comme outil de régulation se pose alors. Le Botswana illustre cette approche : en 2021, le pays a généré près de 2,7 millions de dollars grâce à la chasse réglementée aux éléphants. Ces prélèvements sont encadrés et limités par des quotas précis, pour éviter la surexploitation. Une telle stratégie permet également de financer des actions communautaires, ce qui pourrait contribuer à changer le regard des populations locales sur la faune sauvage. Cependant, certains doutent de la véritable efficacité de cette méthode, estimant qu’elle ne garantit pas la pérennité des populations animales ou une meilleure conscience de leur valeur intrinsèque. Le Botswana, qui héberge la plus grande population d’éléphants au monde, en dénombre plus de 130 000, mais la population globale continue à diminuer en dehors de ces zones protégées.

Quel animal est le plus braconné du monde ?

Le plus braconné de la planète n’est autre que le pangolin. Ce petit mammifère, dont la taille varie entre 30 et 80 cm, est africain et asiatique. Longtemps aliment de luxe pointé comme source de contamination dans le contexte de la pandémie de Covid-19, il est aujourd’hui principalement chassé pour sa viande et ses écailles. En 2020, ce sont environ 100 000 pangolins qui ont disparu dans le monde, dépassant le nombre total d’éléphants et de rhinocéros tués la même année. La demande asiatique, notamment en Chine et au Viêt Nam, a vu ses échanges augmenter de 150 % entre 1970 et 2014, car cette espèce devient rare sur son continent d’origine. La viande de pangolin est réputée comme un mets de luxe, tandis que ses écailles sont intégrées dans des poudres dont la prétendue efficacité contre divers troubles, allant de la dysfonction érectile à des cancers graves, est largement revendiquée par la médecine traditionnelle chinoise. Malgré une interdiction totale de la commercialisation depuis 2016, la vente clandestine se maintient à un rythme alarmant, avec des prix qui atteignent 1 000 euros le kilo pour les écailles. Le pangolin pourrait bientôt disparaître si ces tendances persistantes.