Les turbines éoliennes sont souvent valorisées comme une alternative propre et durable à la production énergétique, en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et en diminuant la dépendance aux énergies fossiles. Toutefois, comme toute innovation technique, elles présentent certains inconvénients, notamment leur impact potentiel sur la faune sauvage, en particulier les oiseaux et les chauves-souris. Cet article propose de faire le point sur la réalité des risques que les éoliennes peuvent faire peser sur ces animaux.
Mettre en place des éoliennes
Pour mesurer pleinement leur effet sur la biodiversité, il est essentiel d’étudier leur implantation, depuis la phase de construction. En France, une majorité des parcs éoliens est située sur des terrains agricoles, mais cette tendance varie selon les pays. De plus, l’installation d’éoliennes en zones rurales tend à se rapprocher de leurs limites naturelles, comme les forêts ou les lisières végétales.
La préparation des sites pour accueillir ces équipements implique souvent de défricher la végétation existante, changeant ainsi la topographie du terrain. Ces travaux peuvent entraîner la destruction d’habitats essentiels, notamment les arbres et arbustes abritant des nids ou des terriers, forçant les animaux à rechercher de nouvelles zones de vie, souvent moins propices, ce qui augmente leur stress et leur vulnérabilité.
Les phases de construction génèrent également un bruit intense, pouvant perturber les comportements de reproduction ou d’alimentation des animaux locaux. La circulation accrue des véhicules lourds peut augmenter le risque de collisions avec la faune, et la création de routes pour accéder aux sites peut fragmenter les habitats naturels.
Conséquences pour les oiseaux
Les pales des éoliennes peuvent atteindre des vitesses de rotation allant jusqu’à 20 tours par minute, avec une pointe pouvant dépasser 300 km/h en bout de pale. Malgré cela, leur bruit de basse fréquence est souvent noyé par le vent, rendant leur détection difficile pour les oiseaux. La collision directe avec ces pales constitue une menace préoccupante, car les oiseaux ont souvent une capacité limitée à percevoir ces bruits faibles, surtout lorsqu’ils se concentrent sur leur recherche de nourriture. Leur vigilance étant réduite face aux obstacles aériens, cette vulnérabilité peut entraîner des blessures graves ou la mort en cas de collision. Certaines espèces, notamment les rapaces qui volent en cherchant leur nourriture vers le sol, sont particulièrement exposées.
Effets sur les chauves-souris
Les chauves-souris en sont également victimes, principalement à cause de la barotraumatologie, un phénomène d’altération interne provoqué par des variations rapides de pression dues à la proximité des pales rotatives. Contrairement aux oiseaux, ces mammifères peuvent mourir sans avoir été directement touchés par une collision. Elles peuvent aussi être attirées par les zones où se trouvent de nombreux insectes, nourrissant leur instinct de chasse. Leur capacité à naviguer rapidement dans des espaces confinés en utilisant l’écholocation et leur vol à grande vitesse dans des couloirs étroits sont remarquables. Cependant, des hypothèses scientifiques suggèrent que les chauves-souris pourraient confondre les éoliennes avec de grands arbres ou être attirées par la chaleur émise par la nacelle ou la condensation d’eau, qui abrite une population d’insectes. Les espèces migratrices apparaissent particulièrement concernées, car leur vol plus élevé les expose davantage aux pales. Des études ont également montré une baisse significative de l’activité des chauves-souris dans un rayon de 1 000 mètres autour des éoliennes, où leur activité diminue en moyenne de plus de la moitié.
Comment réduire les impacts sur la faune
En Europe, les opérateurs sont tenus de suivre la méthode ERC (Éviter, Réduire, Compenser) pour mieux protéger la biodiversité. La surveillance des effets environnementaux des parcs éoliens existants est assurée par des organismes responsables, avec notamment des recommandations pour maintenir une distance raisonnable entre les éoliennes et les zones boisées, souvent fixée à 200 mètres. Cependant, dans certaines régions françaises, notamment dans le Nord-Ouest, la majorité des infrastructures ne respectent pas ces distances minimales, avec un grand nombre d’éoliennes installées à moins de 100 mètres des forêts ou des haies.
Des associations et institutions, telles que Tendances et animaux, collaborent à la recherche de solutions pour limiter la mortalité des animaux liés à ces structures. Parmi ces efforts, la réduction du bruit émis par les éoliennes constitue une piste prometteuse. Sachant que les chauves-souris sont particulièrement actives lors de conditions venteuses faibles, l’idée est de réduire leur déplacement en stoppant la rotation des turbines dans ces situations, ce qui pourrait diminuer leur mortalité sans compromettre significativement la production électrique.
Être réaliste et équilibré
Évaluer précisément l’impact des éoliennes sur la faune se révèle complexe, notamment parce que les carcasses d’animaux victimes des collisions se décomposent rapidement sous l’action des charognards. Il est donc important de faire preuve de nuance dans l’analyse, en tenant compte de la complexité des écosystèmes et des autres facteurs qui influencent la dynamique des populations animales. Par exemple, les pratiques agricoles intensives, telles que l’utilisation de pesticides ou le défrichement, ont également un rôle dans la diminution du nombre d’insectes, et donc l’attractivité des zones pour les chauves-souris et certains oiseaux.
Enfin, comparée à d’autres menaces, la présence des éoliennes reste une cause de mortalité limitée à l’échelle mondiale. Les principaux prédateurs indirects des populations d’oiseaux sont en réalité d’autres acteurs comme les chats domestiques ou les collisions avec les fenêtres, qui sont responsables d’un nombre plus important de mortalités quotidiennes.
Analyser le danger que représentent les éoliennes pour la faune implique une compréhension nuancée, soulignant la complexité des interactions naturelles. La recherche et une approche multidisciplinaire sont essentielles pour envisager des solutions équilibrées, permettant de concilier développement énergétique et préservation de la biodiversité dans une optique responsable.