Les animaux de compagnie sont-ils vraiment une menace pour l’environnement ?

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En dehors de France, où seulement la moitié de la population déclare posséder un animal de compagnie, certains pays affichent des chiffres bien plus élevés : jusqu’à 70 % aux États-Unis et même plus de 80 % en Argentine. Que ce soit à travers la nature de nos petits félins, les chiens errants ou la production de leur nourriture, notre amour pour ces animaux, qu’il concerne les chats, chiens ou animaux de compagnie non conventionnels (NAC), a un impact notable sur la biodiversité et contribue au changement climatique. Selon François Gemenne, expert en climat au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), invité de LCI en décembre 2023, nos chiens et chats pourraient représenter une véritable menace pour le climat. Mais que faut-il retenir vraiment ?

Une activité de prédation qui menace déjà des espèces fragiles

En France, la présence d’environ 15 millions de chats domestiques pose un véritable défi pour la faune sauvage, notamment les petits mammifères et les oiseaux. Annuellement, ces chasseurs instinctifs, qui cohabitent avec nous depuis près de 11 000 ans, continuent d’agir malgré leur mode de vie domestiqué. Les chiens, bien que moins enclins, n’hésitent pas à poursuivre leur instinct de chasse en ciblant mulots, lérots ou même oiseaux lorsqu’ils croisent leur chemin. Parmi les proies favorites pour nos félins, on trouve notamment l’écureuil roux, différentes espèces d’oiseaux comme le moineau ou le merle, ainsi que divers rongeurs. Leur chasse ne se limite pas aux petits animaux : ils s’attaquent aussi souvent à de petits lézards, insectes ou poissons. Au-delà de leur rôle d’animaux domestiques choyés, les abandons sauvages aggravent la situation : chats et chiens abandonnés ont peu de ressources pour se nourrir et accentuent ainsi la pression sur la biodiversité locale. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) souligne que si seulement 10 % des animaux recueillis présentent des blessures liées à des attaques félines, leur impact demeure significatif, surtout dans des régions où la biodiversité est fragile. En effet, dans des contrées comme l’Australie ou certaines îles, la prolifération de nos compagnons, notamment des félins, menace directement la survie des espèces endémiques, incapables de résister à ces prédateurs insaisissables.

L’impact carbone de nos animaux de compagnie est-il réellement si lourd ?

Les chats carnivores stricts et les chiens, qui ont besoin de protéines animales pour rester en bonne santé, sont tous deux responsables d’émissions de gaz à effet de serre liées à leur alimentation. La production et la transformation de viande pour notre consommation et celle de nos animaux représentent environ 12 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Ces aliments, souvent sous forme de croquettes, recyclent également des parties d’animaux moins valorisées telles que les organes ou les sous-produits, évitant leur incinération, ce qui pourrait augmenter la libération de CO2. Selon le rapport de Tendances et animaux, leur empreinte carbone annuelle est beaucoup moins élevée que la nôtre : un félin domestique génère entre 40 et 50 kg de CO2, un chien de plus de 15 kg environ 130 kg, contre une moyenne de 9 tonnes pour un citoyen français. Bien que la croissance du nombre d’animaux par foyer puisse augmenter cette empreinte, elle ne rivalisera jamais avec la quantité de carbone que nous émettons chaque année. En 2013, une étude menée par Swanson et ses collègues a également mis en évidence que l’utilisation du soja dans la nourriture pour animaux pourrait réduire cette empreinte écologique, grâce à une culture nécessitant moins d’énergie fossile, d’eau et de terrain. Toutefois, la dépendance aux légumes et féculents, mal adaptés à la digestion animale, pose encore question.

Quelles démarches adopter pour réduire l’impact écologique de nos animaux ?

Le domaine de l’alimentation se pose comme le levier principal pour limiter l’impact environnemental des animaux de compagnie. Les experts recommandent notamment de privilégier des sources de viande moins polluantes, comme le poulet ou le porc, dont l’élevage génère moins de gaz à effet de serre que celui des bœufs. Par ailleurs, il est essentiel de réduire la pollution des sols en ramassant systématiquement les déjections de nos chiens. En effet, ces excréments enrichissent les sols en azote, mais peuvent aussi provoquer une eutrophisation des eaux, en transformant les milieux aquatiques en zones humides envahies par des mauvaises herbes comme les orties, au détriment d’autres espèces végétales ou fongiques. Pour contrôler la prédation, il est conseillé d’adopter une alimentation équilibrée et adaptée pour limiter les comportements de chasse, notamment chez les chats, en les tenant à l’intérieur lors des périodes sensibles pour la faune aviaire, ou en leur offrant des sorties contrôlées. La stérilisation des animaux de compagnie constitue également une étape essentielle pour réduire leur reproduction incontrôlée, qui pourrait entraîner une surpopulation et la prolifération d’animaux sauvages relâchés ou abandonnés. Enfin, l’abandon reste une erreur grave : des animaux laissés à l’état sauvage peinent à survivre, risquent d’être blessés, de contracter des maladies ou de devenir une menace pour la biodiversité native, en compétition ou en prédateurs de nos espèces endémiques.