La rumination : fonctionnement et animaux ruminants

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La richesse de la nature réside dans sa capacité à concevoir des animaux capables de maximiser l’utilisation de leur alimentation végétale. Parmi eux, certains possèdent un mécanisme appelé la rumination, une étape essentielle à leur digestion, qui leur permet d’extraire un maximum de nutriments des matières végétales qu’ils consomment. Dans cet exposé, nous allons décrypter le fonctionnement de cette méthode et identifier les animaux qui s’en servent pour se nourrir efficacement.

Qu’est-ce que la rumination ?

La rumination désigne un processus digestif spécifique à un groupe de mammifères, dits ruminants, qui consiste à faire remonter partiellement leur nourriture, initialement avalée en gros morceaux, pour la mâcher à nouveau. Cette opération de remâchage optimise la décomposition de fibres végétales ardues, comme l’herbe ou les feuilles, en facilitant leur dégradation par des enzymes et une action mécanique prolongée.

Le mécanisme de la rumination : en quoi consiste-t-il ?

Le tube digestif des ruminants se compose généralement de quatre parties principales : le rumen, le réticulum, l’omasum, puis l’abomasum. Découvrons ensemble les étapes clés de leur processus digestif :

1 – Prise initiale de nourriture

Lorsqu’ils commencent à manger, ces animaux avalent des aliments grossièrement mâchés, qui sont rapidement dirigés vers le premier compartiment, le rumen. Là, ils sont conservés en attendant la prochaine étape, et entament leur décomposition sous l’action de micro-organismes, notamment des bactéries.

2 – La rumination à proprement parler

La nourriture partiellement digérée, ou bol alimentaire, est expulsée du rumen vers la bouche ; elle est alors mâchée de nouveau, ce qui réduit la taille des particules. La salive recueillie durant cette étape, riche en enzymes digestives, aide à préparer davantage la matière pour la fermentation.

3 – Fermentation microbienne continue

La nourriture reprise dans le rumen, après avoir été mâchée, subit une fermentation prolongée grâce aux micro-organismes. Cela génère notamment des acides gras volatils, sources d’énergie indispensables pour la vitalité de l’animal.

4 – Absorption des nutriments finaux

Ensuite, la nourriture progresse vers l’omasum, où l’eau est principalement absorbée, avant d’atteindre l’abomasum, qui joue le rôle de notre estomac en fin de digestion. Là, des enzymes décomposent les protéines et autres composés complexes, permettant à l’organisme d’assimiler les nutriments essentiels.

Détails du système digestif chez les ruminants

Le rumen est le plus volumineux des compartiments, agissant comme une vaste cuve de fermentation où la nourriture est continuellement brassée et décomposée par une diversité de micro-organismes (bactéries, protozoaires, champignons). Ce procédé de fermentation transforme la cellulose en acides gras, fournissant la majorité de l’énergie pour ces animaux. Le rumen contribue également à la synthèse de vitamines B et d’acides aminés, avec une capacité pouvant atteindre plusieurs centaines de litres chez une vache adulte.

Le réticulum, souvent considéré comme le centre de coordination, collecte les petites particules pour une digestion supplémentaire, ainsi que la formation des « bouchons » qu’il faut remâcher. Sa structure en nid d’abeille facilite la séparation des constituants liquides et solides.

L’omasum possède de nombreuses lamelles qui ont pour but d’absorber l’eau et certains nutriments, notamment les acides gras volatils. Ce compartiment affine la digestion en réduisant encore le volume du contenu digestif avant le passage à l’estomac final.

L’abomasum constitue la dernière étape de la digestion chez ces animaux, jouant un rôle analogue à celui de notre estomac. Les enzymes et l’acide chlorhydrique y décomposent encore davantage les protéines et autres composés alimentaires, préparant l’ensemble pour la phase d’absorption dans l’intestin grêle.

Après cette étape, les nutriments sont absorbés principalement dans l’intestin grêle, tandis que le gros intestin achève leur assimilation en absorbant l’eau restante et en finalisant la formation des excréments, qui seront évacués de l’organisme.

Les bénéfices de la rumination

Ce mécanisme procure plusieurs avantages clés aux animaux qui l’adoptent :

  • Une récupération optimale des nutriments issus de végétaux souvent riches en fibres difficiles à digérer ;
  • Une consommation rapide de l’alimentation suivie d’une période de repos pour la digestion, ce qui leur permet d’échapper aux prédateurs ;
  • Une meilleure adaptation aux environnements où la nourriture est peu abondante ou peu nutritive, grâce à une capacité accrue à exploiter les ressources végétales variées.

Les bovins

Incluant les vaches, les taureaux et les buffles, ces ruminants herbivores se nourrissent principalement d’herbe, mais aussi de feuilles, tiges et autres parties végétales. Leur système digestif leur permet d’extraire efficacement les nutriments indispensables à partir de matières fibreuses abondantes.

Les ovins

Les moutons se nourrissent en majorité d’herbes, de feuilles et parfois de petits arbustes. La rumination leur permet d’accéder aux nutriments contenus dans ces végétaux riches en cellulose, en leur assurant une alimentation adaptée à des habitats variés.

Les caprins

Connu pour leur grande capacité à consommer une diversité impressionnante de végétaux, y compris des feuilles, des herbes, des écorces ou même certains matériaux difficiles à digérer, le régime des chèvres leur confère une remarquable résilience et une aptitude à vivre dans des environnements arides ou pauvres en ressources.

Les cervidés

Cerfs, élans et daims privilégient principalement les jeunes pousses, les feuilles, ainsi que les branches tendres. Lorsqu’ils doivent faire face à une végétation moins abondante, ils peuvent aussi recourir à l’écorce ou aux branches plus dures, grâce à leur capacité à ruminer pour en tirer des nutriments essentiels.

Les camélidés, des pseudo-ruminants

Lamas et alpagas disposent d’un système digestif à trois compartiments, différent de celui des véritables ruminants qui en ont quatre. Leur stomacal comprend un compartiment correspondant à la fois au rumen et au réticulum, puis un autre partiellement équivalent à l’omasum, puis enfin à leur estomac.–

Même si leur fermentation microbienne est un peu moins efficace, leur capacité à ruminer leur permet d’exploiter une large gamme d’aliments, y compris ceux peu nutritifs. Cette structure simplifiée leur confère un avantage dans les milieux arides ou montagneux, où la végétation est souvent pauvre en nutriments et où l’eau est rare. Ces caractéristiques leur permettent d’optimiser leur consommation pour survivre dans des environnements difficiles, tout en conservant une capacité à extraire un maximum de nutriments et d’eau à partir de leur régime végétal.

En définitive, chaque groupe d’animaux ruminants a développé des stratégies de consommation adaptées à leur habitat, utilisant la rumination pour tirer le meilleur profit des ressources végétales disponibles, soutenant ainsi leur croissance, leur santé, et leur reproduction.