De temps à autre désignée comme la peste aviaire ou évoquée sous le nom d’Ebola du poulet, cette infection présente une dangerosité significative. Elle entraîne la disparition de plusieurs millions d’oiseaux, que ce soit via l’infection ou par des mesures d’abattage, et cause d’importants dégâts, notamment dans les fermes avicoles. Les agents pathogènes, toujours en évolution, inquiètent les autorités sanitaires qui redoutent une transmission possible à l’humain.
Qu’est-ce que la grippe aviaire ?
La grippe aviaire est une infection qui cible principalement les oiseaux. Elle est causée par des virus de l’influenza de type A, regroupant plusieurs sous-types, et classés en deux grandes catégories :
Les virus peu virulents (IAFP), qui causent peu ou pas de symptômes chez les oiseaux d’élevage ;
Les virus hautement virulents (IAHP), notamment ceux des sous-types H5, H7 et H9, qui peuvent provoquer des épidémies majeures.
Selon la puissance de ces virus, la maladie peut présenter une forme bénigne ou une contagiosité extrême, pouvant évoluer rapidement vers la mort. Lorsqu’elle atteint un niveau de virulence élevé, une propagation soudaine de symptômes graves peut entraîner un taux de mortalité pouvant atteindre 100 % parmi les populations infectées.
Quels animaux peuvent contracter la grippe aviaire ?
Elle affecte principalement le gibier migrateur, comme les canards ou les oies sauvages. Cependant, chez ces espèces, l’infection reste souvent asymptomatique grâce à une certaine résistance. En revanche, la maladie peut être très contagieuse dans les élevages intensifs, en particulier chez les poulets et les dindes, qui sont généralement beaucoup plus vulnérables. La souche de type A peut également contaminer d’autres mammifères, comme le porc.
Par quels moyens la grippe aviaire se transmet-elle ?
Les virus particulièrement mortels peuvent persister dans leur environnement, surtout lors de températures basses. La contamination peut se faire par des contacts directs ou indirects, notamment :
Entre les oiseaux sauvages et ceux en captivité ;
Par des matières infectieuses comme des œufs, des sous-produits ou des carcasses ;
Via les excréments d’animaux malades ;
À travers du matériel contaminé tel que véhicules, cages ou vêtements.
Quelles mesures adopter en cas de crise de grippe aviaire ?
Sans une intervention rapide et rigoureuse, les épidémies peuvent perdurer plusieurs années. Parmi les stratégies couramment appliquées en Tendances et animaux, on trouve :
La mise à l’abri des volailles, en les confinant ou en les protégeant sous filet pour limiter leur contact avec le gibier sauvage ;
L’interdiction de rassemblements impliquant des volailles de zones contaminées ;
Le contrôle renforcé du transports, ainsi que des activités impliquant des oiseaux comme la mise en place d’appelants en volière ;
L’interdiction des compétitions de pigeons voyageurs ;
La vaccination obligatoire dans les zoos ou pour les oiseaux ne pouvant être confiné ou protégés par d’autres moyens.
Quelles stratégies pour contrôler une épidémie de grippe aviaire ?
Lors d’une propagation virale, il est souvent trop tard pour agir efficacement, sauf en imposant une quarantaine stricte des territoires affectés et en procédant à l’élimination des oiseaux infectés ou à risque. Par exemple, dans les années 80, aux États-Unis, le virus H5N2, initialement peu virulent, est devenu hautement pathogène en seulement quelques mois, avec un taux de mortalité tournant autour de 90 %. Plus de 17 millions d’oiseaux ont été sacrifiés pour contrôler l’épidémie. Une situation semblable s’est produite en Italie entre 1999 et 2001, avec le virus H7N1 qui, après avoir été peu dangereux, a muté en moins d’un an, entraînant la mort ou l’abattage de plus de 13 millions de volailles.
Quels risques pour l’homme ?
Bien que rares, les cas d’infection humaine existent et représentent une menace sérieuse. La transmission peut se faire par contact direct avec un animal malade ou via la contamination aéroportée, souvent lors de la dissimulation de particules de fiente sèche aspirées. En 1997, à Hong-Kong, le virus H5N1 a causé6 décès ; en 2003, aux Pays-Bas, un seul cas dû au H7N7 a été enregistré ; puis en 2013, en Chine, le H7N9 a été responsable de plusieurs cas. Plus récemment, en 2021, les autorités chinoises ont détecté la première infection humaine au H10N3, tandis que la Russie a confirmé un cas par H5N8.
Pourquoi la grippe aviaire reste un problème complexe ?
Tous les virus grippaux de type A, même ceux responsables des épidémies saisonnières chez l’homme, montrent une grande instabilité génétique, leur permettant d’échapper aux défenses immunitaires. En plus de leur capacité à muter rapidement, le sous-type H5N1, considéré comme le plus dangereux, peut échanger des segments de ses gènes avec d’autres virus grippaux d’espèces différentes. Ces changements antigéniques ont déjà engendré des pandémies à forte mortalité. Actuellement, la transmission de la grippe aviaire se limite aux oiseaux à humains, mais la crainte majeure pour les autorités demeure qu’un virus hautement pathogène évolue pour pouvoir se transmettre d’homme à homme. Sans immunité ni vaccin adaptés, l’apparition d’un tel virus pourrait provoquer une vaste crise sanitaire mondiale.