Dans le film culte « Le Grand Bleu » de Luc Besson, sorti en 1988, le protagoniste joué par Jean-Marc Barr partage une connexion profondément intuitive avec les dauphins. Ces rencontres à la fois mystiques et sincères symbolisent une relation presque spirituelle entre l’homme et le mammifère marin, captivant les spectateurs par leur sensibilité et leur complicité. Au-delà de l’écran, la question se pose : ces cétacés pourraient-ils réellement apporter un soulagement ou un bien-être tangible aux humains ?
Qu’est-ce que la delphinothérapie ?
La delphinothérapie, aussi appelée thérapie par les dauphins, s’inscrit dans le cadre plus large de la zoothérapie, une pratique utilisant la présence animale pour favoriser la santé mentale ou physique. Traditionnellement, ces soins s’appuient sur le lien entre l’animal choisi et le patient, avec des premières expérimentations remontant aux années 1970 où les dauphins ont été mis à contribution dans des approches thérapeutiques.
Les spécialistes qui pratiquent cette méthode considèrent que les interactions avec ces animaux intelligents et sociables peuvent stimuler des effets positifs sur le mental et l’émotion, aidant à réduire l’anxiété, remonter le moral, ou renforcer la confiance en soi. Le contact avec les dauphins, leur vibration et leur comportement peuvent aussi – selon eux – favoriser une meilleure stabilité émotionnelle et cognitive. Simplement évoluer dans un environnement aquatique avec ces mammifères a lui aussi un effet apaisant, propice à la relaxation profonde.
Certaines études avancent que cette approche pourrait également accélérer le développement de l’attention, de la motivation ou des compétences linguistiques, surtout chez les enfants autistes ou présentant d’autres types de troubles du développement. Les bénéfices seraient, d’après ces recherches, durables dans le temps.
L’intelligence émotionnelle propre aux dauphins
La réputation de ces animaux comme étant particulièrement futés ne se limite pas à leur capacité d’apprentissage. Ils sont aussi remarquables par leur aptitude à percevoir et à répondre aux émotions d’autrui, manifestant une empathie qui semble innée. La science a documenté comment ils sont capables de réconforter leurs pairs en détresse, ou même de coopérer avec les humains lors de travaux de pêche ou dans des activités innovantes impliquant des outils.
Cette sensibilité émotionnelle leur permet de s’adapter finement aux humains. Lors des séances thérapeutiques, ils ajustent leur comportement en fonction des émotions du participant, créant ainsi une expérience profondément personnalisée et très engageante, qui facilite souvent la progression de la personne.
La richesse des échanges avec ces cétacés
Les dauphins évoluent en colonies où leur sociabilité et leur nature collaborative sont centrales. Ces traits naturels les rendent particulièrement aptes à interagir avec les humains, en suscitant des échanges dynamiques et souvent très bénéfiques. Leur participation peut prendre la forme de jeux ou d’activités visant à favoriser la communication non verbale, améliorer la coordination motrice ou stimuler les capacités cognitives des patients.
Lors des séances, cette approche ludique aide à diminuer le sentiment d’isolement, renforçant le lien social, un aspect essentiel pour traiter des troubles comme la dépression ou l’anxiété, notamment chez les jeunes ou les personnes en détresse psychologique.
Concrètement, comment se déroule une séance ?
Une séance de delphinothérapie peut se dérouler en mer ou dans un centre dédié, avec une étape initiale d’observation. Les patients ont alors l’occasion d’admirer les dauphins depuis la rive ou une plateforme pour commencer à établir un contact.
Ensuite, sous la surveillance de thérapeutes qualifiés, ils sont invités à entrer dans l’eau pour une interaction directe : nager aux côtés des dauphins, les toucher, ou participer à des jeux avec des objets flottants. Ces activités facilitent la connexion et la relaxation, tout en favorisant une meilleure réceptivité au traitement.
La delphinothérapie en France : une pratique limitée
Ce traitement suscite beaucoup de débats. Dès 2007, des chercheurs américains soulignaient qu’il pourrait s’agir simplement d’une expérience divertissante sans preuve scientifique claire de ses bénéfices à long terme. Par ailleurs, la question du bien-être animal est très souvent mise en avant. En effet, les dauphins en captivité, notamment dans certains parcs aquatiques, vivent dans des environnements artificiels qui leur causent un stress important, voire des troubles psychiques.
En France, la législation récente limite fortement la détention de dauphins en captivité. Les delphinariums ne sont plus autorisés à acquérir ou à reproduire de nouveaux animaux, et leur exploitation sera interdite d’ici 2027. Cette évolution témoigne d’une volonté de mieux respecter le bien-être des cétacés, conscient des effets délétères que la vie en captivité peut avoir sur eux, comme l’augmentation du stress,la dépression, ou la réduction de leur espérance de vie.
De plus, beaucoup considèrent la delphinothérapie comme une pratique exploitant à mauvais escient la vulnérabilité des animaux et une source potentielle de profits douteux. Son efficacité demeure contestée, et son aspect éthique est souvent rejeté. En somme, cette pratique a peu de chances de se développer durablement en France dans un contexte de meilleure sensibilisation à la protection animale et à la conservation des espèces.