Depuis des décennies, de nombreux individus trouvent dans la présence animale une véritable source de soulagement et de stabilité émotionnelle. La thérapie par le contact avec les animaux, dont l’origine remonte à la première moitié du XXe siècle, se sert de différentes espèces pour accompagner des personnes confrontées à divers troubles. Chiens, chats, chevaux, lapins, dauphins… tous peuvent offrir un bénéfice psychologique ou contribuer à la réparation suite à une expérience traumatisante. Toutefois, derrière cette belle idée, se cachent parfois des comportements d’abus ou d’exploitation qui peuvent avoir des conséquences néfastes pour les animaux impliqués.
Quelles sont alors les répercussions et dangers encourus par les animaux en tant que médiateurs ou partenaires thérapeutiques ?
Quel est le principal objectif de la médiation animale ?
La médiation animale consiste à faire intervenir des êtres vivants dans un processus d’aide destiné à soulager ou à soutenir des personnes souffrant de troubles variés. Bien que cette pratique ait des racines anciennes, elle a véritablement pris de l’ampleur au 20e siècle. Parmi ses pionniers, Boris Levinson avec son chien Jingles est souvent cité, mais d’autres, comme Florence Nightingale, ont également expérimenté cette approche avec des chats ou d’autres animaux. Selon leur tempérament, chaque espèce présente des qualités spécifiques qui peuvent bénéficier à différents types de patients. L’objectif est d’améliorer leur bien-être émotionnel, social ou physique. Que ce soit pour lutter contre l’anxiété, accompagner des personnes atteintes d’autisme, atténuer une dépression, gérer un syndrome post-traumatique ou supporter des traitements médicaux intensifs, la médiation animale trouve son application dans plusieurs contextes : maisons de retraite, hôpitaux, écoles ou centres de réadaptation. La pratique vise à enrichir la qualité de vie, en influant positivement sur le moral et les capacités sociales, un impact aujourd’hui largement reconnu.
Quels sont les effets physiques et psychologiques pour les animaux utilisés ?
Alors que les bénéfices pour les humains ont largement été mis en évidence, il est crucial d’examiner ce que vivent les animaux, tels que chiens, chats, chevaux, lapins ou dauphins, qui jouent ce rôle de médiateur. L’absence encore d’un cadre réglementaire strict laisse la porte ouverte à des dérives, où ces animaux peuvent être exploités sans prendre en compte leur confort. D’un simple outil d’accompagnement, ils risquent de devenir victimes d’une utilisation excessive ou inadaptée. Des horaires mal adaptés, un manque de moments de repos, ou un non-respect de leurs besoins naturels peuvent leur causer du stress ou de la fatigue.
De plus, certains patients présentant des troubles graves peuvent manifester des comportements imprévisibles ou agressifs, comme des mouvements brusques ou des cris, ce qui peut fortement perturber l’animal et générer du stress ou de la peur. Le médiateur doit alors assurer un environnement qui permet à l’animal de se recentrer. En cas d’incapacité à se détendre, la santé mentale de l’animal pourrait en souffrir.
Il est aussi difficile d’interpréter les signaux de malaise chez certains petits mammifères, notamment chez les lapins ou autres NAC (Nouveaux animaux de compagnie), qui restent des êtres sensibles. Transport, manipulations ou situations nouvelles peuvent fragiliser leur équilibre, voire les conduire à une fatigue extrême ou un épuisement. Par ailleurs, le contact avec une multitude de personnes expose les animaux à divers agents infectieux susceptibles de provoquer des maladies. Enfin, il ne faut pas négliger les risques de blessures physiques qui peuvent survenir lors des interactions, notamment si le patient perd le contrôle de ses gestes ou est maladroit.
Face à ces dangers, la mise en place de protocoles rigoureux apparaît essentielle afin de préserver la santé mentale et physique des animaux utilisés en médiation animale. Stress, fatigue ou blessures doivent impérativement être maîtrisés et pris en compte.
Quelles mesures pour préserver le bien-être animal dans la médiation ?
Selon les pratiques, certains intervenants mobilisent un seul animal lors de toutes leurs séances, tandis que d’autres alternent plusieurs espèces ou indidents pour diversifier leurs interventions et réduire la pression sur un seul compagnon. Dans cette dernière configuration, l’animal bénéficie d’un environnement moins stressant, tout en offrant des interactions variées. Parfois, cette relation mutuelle peut aussi s’avérer bénéfique pour l’animal, lui apportant apaisement et rassurance.
Pour assurer le bon déroulement et limiter le stress, le choix de l’animal doit se faire dès le départ sur la base de son tempérament : il doit être stable, sociable et capable de s’adapter. La connaissance approfondie de l’espèce et une évaluation rigoureuse sont indispensables, car la simple possession ne suffit pas à garantir sa compatibilité avec la médiation. La formation de l’intervenant et de l’animal est indispensable pour que chaque interaction se déroule dans des conditions favorables. En plus, l’entraînement doit permettre à l’animal de faire face à différentes situations et d’alerter en cas de signes de stress.
Les séances doivent respecter un cadre strict, incluant des pauses régulières permettant à l’animal de reprendre son souffle et de se détendre dans un espace sécurisé. Il doit disposer de moments de repos, de jeux, ainsi que d’interactions classiques pour conserver son équilibre. La propreté et l’hygiène jouent également un rôle crucial, afin d’éviter la propagation de maladies infectieuses.
Chacune des séances doit être adaptée à chaque animal, en tenant compte de sa personnalité et de ses limites. La standardisation des interventions pourrait compromettre le bien-être animal si elle ne prends pas en compte ces particularités.
Quelles mesures pour assurer une pratique éthique en médiation animale ?
Pour garantir un cadre respectueux de l’intégrité des animaux, la certification des professionnels par une formation spécialisée pourrait limiter les dérives liées à l’anthropomorphisme ou à un manque de compétences. La création d’une liste officielle des praticiens et des animaux autorisés permettrait également d’encadrer l’exercice de la profession.
Il est aussi primordial d’établir un cadre réglementaire qui privilégie les besoins de l’animal autant que ceux de l’humain. Ce cadre garantirait la sécurité, la santé mentale et physique des animaux ainsi que celles des patients et intervenants, tout en assurant un environnement protecteur. Des contrôles réguliers effectués par un vétérinaire seraient nécessaires pour vérifier leur état général, tandis qu’un comportementaliste pourrait intervenir pour analyser et améliorer les séances, et détecter d’éventuels malaises ou dysfonctionnements.
Si la médiation par l’animal offre de nombreux bénéfices pour les humains, il est crucial de rester attentif aux besoins et limites des animaux actifs dans ces dispositifs. La sélection rigoureuse, la formation continue et une supervision attentive sont indispensables pour préserver le bien-être mutuel. Le respect de la vie privée et de l’équilibre des deux partenaires, humain et animal, garantit la pérennité de cette démarche thérapeutique, pour que chacun en retire un bénéfice durable. Un juste équilibre entre travail et repos doit être maintenu pour assurer que cette initiative reste une source de réconfort et de guérison sur le long terme.