Élever des fourmis en terrarium : conseils pratiques

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Les insectes sociaux appelés fourmis forment des colonies complexes, connues sous le nom de fourmilières. Leur contrôle en captivité à l’intérieur d’un terrarium offre une opportunité unique d’étudier la dynamique de leur société, où chaque individu occupe une fonction précise.

Comprendre la vie sauvage des fourmis

Avant de débuter l’élevage d’une espèce, il est essentiel de se documenter sur ses habitudes naturelles afin de vérifier si leur entretien s’intègre dans notre mode de vie.

Une organisation sociale structurée

Les colonies de fourmis sont régies par une hiérarchie sociale sophistiquée mêlant individus fertiles et stériles (eusocialité). La répartition des tâches repose sur une hiérarchie instaurée pour assurer le bon fonctionnement de la communauté. Comme chez les abeilles, chaque fourmi remplit un rôle précis, que ce soit pour défendre la colonie, chercher de la nourriture, ou s’occuper du développement des larves. Dotées d’une intelligence collective, ces insectes présentent une forte interdépendance, fonctionnant comme un organisme uni.

La structure d’une colonie

Une colonie se compose généralement d’une reine identifiable par sa taille, des mâles et de nombreuses ouvrières. La reine, qui a pour but de pondre pour assurer la survie de la colonie, est fécondée en vol. Après l’accouplement, elle cherche un habitat pour établir son nid et se met à pondre, bénéficiant d’un stock de spermatozoïdes stocké pour toute sa vie, pouvant durer entre 9 et 15 ans.

Une reine peut également s’intégrer dans une colonie existante, pratique appelée parasitisme social. Si une nouvelle reine rejoint une colonie déjà en place, cela ne constitue pas une intrusion — en revanche, cela favorise une colonie polygyne, où deux reines ou plus gagnent en productivité. Les mâles, quant à eux, meurent peu après le vol nuptial, leur espérance de vie étant limitée à quelques semaines.

Les ouvrières, dépourvues d’ailes, sont chargées de diverses activités essentielles : creuser, défendre, récolter la nourriture, ou prendre soin du couvain. Leur espérance de vie oscille entre 3 et 5 ans.

La fabrication des nids de fourmis

Les fourmis construisent leur abri dans des contextes variés et adaptent leur architecture selon différents critères, comme le type de sol, la chaleur, et les matériaux disponibles. Leur capacité d’adaptation leur permet d’ériger divers types de nids : souterrains, en surface ou dans les arbres.

Le nid souterrain

Ce type de nid sous-terre peut se limiter à une simple cavité ou former un réseau complexe de galeries menant à plusieurs chambres. La profondeur varie selon les espèces, allant de simples dizaines de centimètres à plus d’un mètre. Plus la colonie s’étend profondément, plus son système de galeries devient étendu.

Le nid épigé

Fréquemment observé, ce nid en surface ressemble à une butte faite de terre ou de débris végétaux. La pente principale est orientée vers le sud pour maximiser l’absorption de chaleur et de soleil, avec plusieurs galeries internes comprenant la nurserie et la cellules royale.

Le nid arboricole

Ce type de nid est construit dans le creux d’un arbre ou dans une branche creuse, souvent dans un tronc ou une branche morte. Les matériaux utilisés incluent des fragments de bois ou de feuilles assemblés grâce à une substance filamentaire semblable à de la soie, formant une structure robuste.

Quelles espèces de fourmis pour les novices ?

Des fourmis adaptées et résistantes

Pour ceux qui débutent dans leur élevage en terrarium, il est recommandé de choisir des espèces faciles à maintenir telles que Messor barbarus, Messor structor ou encore Lasius niger et Lasius emarginatus. La première, originaire du bassin méditerranéen et d’Afrique du Nord, est une granivore résistante qui consomme aussi de petits insectes. Elle est fréquemment choisie pour sa robustesse en élevage.

Messor structor, présente dans le sud de l’Europe, ainsi qu’en Asie et en Afrique du Nord, partage des caractéristiques similaires mais est un peu plus petite. Quant à Lasius emarginatus, cette fourmi bicolore se nourrit principalement de miellat et d’éléments protéinés, et fait partie des espèces peu exigeantes pour les débutants.

Magasins spécialisés pour débutants

De nombreux vendeurs en ligne proposent des colonies complètes, incluant généralement une reine et quelques ouvrières, pour favoriser l’établissement et la croissance dans un environnement contrôlé. Ces kits sont idéaux pour commencer dans le monde de l’élevage de fourmis, avec tout le nécessaire pour voir la colonie prospérer.

Démarrer un élevage de fourmis

Une pratique responsable

Il est important de se rendre compte que l’élevage de fourmis dépasse le simple fait d’accueillir une seule reine ; la colonie va rapidement s’expanser, demandant un espace et du temps. Par ailleurs, il est crucial de ne pas relâcher les fourmis dans la nature, ce qui pourrait déséquilibrer l’écosystème local ou propager des espèces invasives. Si vous souhaitez vous défaire de votre colonie, faites appel à un autre passionné ou une structure spécialisée.

Que la reine ait été capturée dans la nature ou achetée en magasin, la base d’un élevage réussi consiste à disposer d’une reine fécondée et de quelques ouvrières. La reine, après la fécondation, perd ses ailes, hypogée, et ne doit pas être confondue avec une ouvrière.

Pour repérer une reine, privilégiez sa taille, qui doit être supérieure à celle des ouvrières. Vérifiez aussi de ne pas prélever ou acheter une espèce protégée. Lorsqu’elle est achetée, elle est généralement livrée dans un tube à essai contenant de l’eau et un coton, où elle commence à pondre ses œufs. La nourriture n’est pas toujours nécessaire jusqu’à l’éclosion de ses premières ouvrières.

La naissance des premières ouvrières

Une fois que les premières ouvrières apparaissent, il faut relier le module de départ à une zone d’alimentation. Celle-ci doit mesurer au moins 10×10 cm et contenir de la nourriture, ainsi qu’un substrat comme du sable ou de la mousse. L’ouverture doit permettre un accès facile pour l’entretien. Pour éviter leur évasion, l’usage d’un produit anti-fuite, comme de l’huile de paraffine, est conseillé.

Nourrir ses fourmis

La variété alimentaire dépend de l’espèce concernée. Il peut s’agir de petits insectes, de miel bio, de liquides sucrés, de jaune d’œuf ou de lait miellé. Disposer d’une réserve de nourriture fraîche, grâce à une culture d’insectes vivants, facilite l’entretien. En général, leur alimentation doit être proposée en quantité illimitée, puisque les fourmis régulent leur consommation selon leurs besoins.

Les restes de nourriture doivent être rapidement retirés pour éviter tout phénomène de décomposition. Même si elles restent souvent à l’abri dans le module de fondation, les fourmis consomment de petites quantités en continu. Pour l’eau, la réserve contenue dans le tube suffit pour leur soif. Un petit réservoir d’eau sucrée dans la fourmilière leur permettra également de s’abreuver : sans sucre, leur demande d’eau diminue. Il est recommandé d’utiliser un tout petit récipient pour limiter les noyades.

Transfert vers un nouveau nid

Un tube à essai d’environ 10 cm peut accueillir une centaine d’ouvrières sans souci. Pour leur sécurité, il est conseillé de les confiner dans un espace restreint. Dès qu’une vingtaine d’ouvrières ont été élevées, il est possible de transférer la colonie vers un nid plus spacieux. Deux méthodes existent : une méthode brutale, en tapotant le tube sur la nouvelle installation, ou une méthode progressive, en créant un pont pour qu’elles migrent d’elles-mêmes, en réduisant temporairement la réserve d’eau et en adaptant la luminosité pour stimuler la migration.

La température et la lumière doivent également être contrôlées afin de reproduire leur environnement naturel : peu de lumière dans la fourmilière, et une luminosité modérée dans la zone d’alimentation. Certaines terrariums combinent ces espaces, permettant aux fourmis de stocker leurs déchets dans une zone aménagée.

Choisir le bon terrarium

Matériaux

La sélection du terrarium dépend de l’espèce, de votre budget et de l’espace disponible. Vous pouvez opter pour des modèles en plexiglas, peu coûteux mais peu esthétiques et peu hydratants, ou pour des modèles en verre, plus chers mais plus transparents, permettant une observation claire. Attention à éviter une exposition directe au soleil, car cela pourrait faire grimper la température au-delà des limites préférées, comprises entre 17 et 25°C selon l’espèce.

Taille

Un terrarium de taille moyenne, environ 30 cm de longueur, 20 cm de largeur et 20 cm de hauteur, constitue un bon compromis pour permettre la croissance rapide d’une colonie.

Aménager l’intérieur du terrarium

Disposition

Le mélange de sable et de terre crée un environnement propice à la construction de galeries. Utilisez un sable sans produits chimiques, comme celui destiné aux aquariums, complété par des billes d’argile pour le drainage et éventuellement de la tourbe. La création d’un nid en béton léger avec des galeries préconçues peut également convenir. Ajoutez des éléments décoratifs comme des morceaux de bois ou des plantes synthétiques pour un environnement plus naturel.

Température et humidité

Maintenez la température entre 17 et 25°C, selon l’espèce, en utilisant si nécessaire une source de chaleur locale comme un tapis chauffant ou un câble. La chaleur naturelle étant idéale, il faut toutefois prévoir une source artificielle en hiver. Il est aussi important de surveiller le taux d’humidité, qui doit osciller entre 30 et 50 %. Un hygromètre permet de le contrôler. Si l’humidité est insuffisante, vaporisez délicatement de l’eau ; si elle est trop élevée, aménagez des aérations étroites pour réguler l’oxygène et l’humidité. Surveiller le bon état du substrat en déposant quelques gouttes d’eau pour favoriser la formation de galeries.

Pour débuter cette aventure, il peut être utile de participer à des forums spécialisés où une communauté passionnée partage ses conseils et expériences. Être membre de la grande famille des myrmécophiles permettra d’enrichir ses connaissances et de mieux comprendre ces étonnants insectes.