La pionnière dans l’étude du comportement des gorilles d’Afrique orientale, Dian Fossey, s’est définitivement installée au Rwanda pour créer un centre dédié à la recherche sur ces primates. Son engagement scientifique a profondément changé la perception que le grand public avait de ces singes emblématiques et a permis de préserver leur population de la menace d’extinction. Dévouée à leur sauvegarde, elle a mené une lutte féroce contre les braconniers dont l’activité mettait en péril leur survie. Son travail passionné pour la protection de ces animaux a malheureusement coûté la vie à cette femme engagée. Voici le portrait d’une figure incontournable de la défense animale.
La rencontre de Dian Fossey avec les gorilles
Née le 16 janvier 1932 à San Francisco, dans l’état de Californie, Dian Fossey a grandi dans un environnement où la solitude et le lien avec la nature étaient présents. Enfant isolée, elle trouvait réconfort auprès de ses animaux domestiques, notamment un poisson rouge. Elle nourrissait un rêve de devenir vétérinaire, mais ses échecs académiques l’ont conduite vers des études d’ergothérapie. Rapidement recrutée pour aider des enfants autistes, elle ressentait toutefois une forte envie d’aventure et de découvertes naturelles. Convaincue par sa passion pour la faune sauvage, elle a sacrifié son confort pour partir en Afrique, un voyage dont elle n’est jamais revenue. Sa première rencontre avec les gorilles des montagnes en 1963 a bouleversé sa vie, et elle n’a eu de cesse par la suite de vouloir étudier ces grands singes, encouragée par le célèbre paléontologue Louis Leakey, qui deviendra son époux.
L’engagement scientifique de Dian Fossey
Soutenue financièrement par la Fondation Louis Leakey via la National Geographic Society, Dian Fossey a été l’une des trois grandes chercheuses envoyées en Afrique pour observer les primates dans leur milieu naturel. Avec Jane Goodall, spécialisée dans les chimpanzés, et Biruté Galdikas, experte en orangs-outans, elles ont été surnommées les « Anges de Leakey ». Après plusieurs déplacements entre les États-Unis et l’Afrique, la scientifique s’est établie au Rwanda dans le massif volcanique du Virunga, où elle a fondé en 1967 le centre de recherche de Karisoke. Parallèlement à ses observations, elle a obtenu un doctorat en zoologie de l’Université de Cambridge en 1974, consolidant ainsi sa place parmi les éthologues les plus respectées.
Du combat contre le braconnage à la protection des gorilles
Première chercheuse à étudier le comportement de ces grands singes de l’Atlas, Dian Fossey ne s’est pas limitée à la simple observation. En défense acharnée des gorilles, elle a dénoncé, dès la fin des années 1960, la violence du braconnage qui anéantissait déjà une grande partie de la population. La situation était critique, avec des animaux victimes de pièges, de violences et de ventes illicites comme trophées. Elle a dénoncé la corruption au sein même du parc national des volcans, où certains employés acceptaient des pots-de-vin pour aider les trafiquants. Elle et son équipe ont souvent découvert des pièges meurtriers destinés à capturer ces animaux, souvent à l’agonie, leurs corps mutilés et vendus comme objets de collection ou souvenirs de touristes.
Digit, le gorille de cœur de Dian Fossey
Pour gagner la confiance des gorilles et mieux comprendre leur monde, Dian Fossey adoptait une approche immersive, imitant leurs gestes et comportements quotidiens. Elle tenait un journal précis sur chaque individu qu’elle observait, notant leur caractère, leur état de santé, leurs interactions et leurs liens familiaux. Parmi eux, Digit occupait une place spéciale. Ce gorille lui avait montré une confiance exceptionnelle, venant jouer avec elle, se roulant par terre ou lui offrant des moments de complicité. Tragiquement, en 1978, Digit a été retrouvé mort, victime des braconniers qui l’ont tué dans des conditions cruelles. En hommage à lui, Fossey a créé le Digit Fund, aujourd’hui renommé le Dian Fossey Gorilla Fund, pour financer la protection de ces primates rares.
La fin tragique de Dian Fossey
Le 27 décembre 1985, la primatologue a été retrouvée sauvagement assassinée dans sa cabane au cœur des montagnes rwandaises, frappée à la machette. Conformément à ses volontés, elle a été inhumée dans la région de Karisoke, sur le site même où elle avait consacré sa vie aux gorilles. Son meurtre n’a jamais été résolu : les enquêteurs ont soupçonné des braconniers, des éleveurs locaux profitant du braconnage ou encore un réseau impliqué dans le trafic de bébés gorilles, potentiellement dirigé par des figures à la tête de réseaux clandestins. Malgré plusieurs pistes, aucune preuve définitive n’a permis d’établir le coupable, et le mystère demeure entier.
L’héritage laissé par Dian Fossey
Son combat acharné a été crucial pour l’avenir de l’espèce. En 1986, un an après sa disparition, la population de gorilles de montagne dans la région du Rift en Afrique centrale était estimée à environ 280 individus. Aujourd’hui, il en aurait dépassé le millier, reflet direct de ses efforts et de son engagement. Son histoire a été rendue mondiale à travers des reportages, notamment ceux diffusés par la revue National Geographic, et son autobiographie, intitulée Gorillas in the Mist, publiée en 1983, a inspiré le film de 1988 avec Sigourney Weaver, mettant en lumière sa dévotion. Depuis, des millions de visiteurs ont afflué pour observer ces animaux magnifiques, symboles vivants de la conservation. La détermination de Dian Fossey continue d’incarner un exemple de courage et de dévouement pour la protection de la biodiversité.