Le respect de la vie constitue une valeur fondamentale partagée par les trois principales religions monothéistes : le Christianisme, le Judaïsme et l’Islam. Ces faiths considèrent l’humanité comme étant responsable de la préservation et du bien-être des créatures vivantes. Bien que l’animal soit souvent considéré comme un simple outil pour l’homme, il demeure soumis au principe de compassion et de miséricorde. À titre d’exemple, l’histoire de Noé, qui a sauvé de nombreux couples d’animaux lors du déluge en construisant son arche, témoigne de cette responsabilité. Plongeons dans la manière dont chacune de ces religions aborde la question du respect envers l’animal.
Christianisme et rapport aux animaux : une hiérarchie respectueuse
Dans la foi chrétienne, la considération pour la créature animale s’inscrit dans un cadre de respect tout en maintenant une certaine hiérarchie. De nombreux figures éminentes de l’Église étaient passionnées par la nature, notamment par les chats.
La relation entre l’humain et l’animal
D’après les textes bibliques, l’humanité occupe une position de domination sur tous les êtres vivants, à commencer par la nature. La Genèse précise que l’homme doit « dominer sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre ». Il lui est également demandé de leur donner un nom, symbolisant une responsabilité de soin plutôt que de simple exploitation. Si la souffrance animale peut être tolérée dans certains contextes comme la recherche scientifique, toute forme de cruauté gratuite est lourdement condamnée, comme l’a rappelé le pape François. Sa célèbre encyclique, *Laudato si*, insiste sur le fait que toute maltraitance envers les animaux se reflète ensuite dans nos relations humaines. Cependant, il a aussi souligné que les animaux ne peuvent rivaliser avec les êtres humains en termes d’affection, précisant que l’amour pour nos proches ne doit pas être détourné vers nos compagnons à quatre pattes. La hiérarchie n’empêche pas, cependant, un respect sincère envers les animaux, illustré par des figures saintes comme Saint François d’Assise, reconnu pour sa communion avec la nature et sa capacité à parler aux oiseaux ou à calmer un loup agressif. Son image reste associée à la protection de la création et à l’écologie intégrale.
Le chat dans la tradition chrétienne
Bien que le chat ait été mal vu à certaines périodes, notamment durant l’Inquisition, son image s’est réhabilitée. Ce n’est pas un animal mentionné explicitement dans la Bible, mais plusieurs papes ont montré leur affection pour ces félins. Au VIIIe siècle, par exemple, le pape Saint Grégoire III vivait avec trois chats. Au XIXe siècle, le pape Pie VII emmenait son chat lors de ses captivités, et Léon XII lui-même était très attaché à Micetto. La tradition catholique a aussi vu en Saint Philippe Neri, fondateur de l’Oratoire, un grand amateur d’animaux, soulignant que leur présence était une forme de gloire divine. Même Richelieu, lui aussi passionné de félins, partageait cette tendresse pour les petits animaux de compagnie.
Judaïsme : responsabilité, respect et compassion
La loi juive impose aux croyants une attitude de responsabilité envers les animaux, notamment par le respect de leur repos hebdomadaire. L’histoire de Noé souligne l’importance de la conservation des espèces et de leur soin, révélant que l’humanité doit assumer un rôle de gardien de la création. Lors du déluge, Noé, en prenant soin des animaux, a compris que cette mission de responsabilité constitue une obligation divine, même envers ceux considérés comme impurs, comme le corbeau. Après l’arche, un principe fondamental est instauré : l’interdiction de consommer un animal lorsque ses membres sont encore vifs. La gestion éthique de la vie animale est donc intégrée dans la vie communautaire.
Le repos de tous les êtres vivants lors du Chabbat
Le Judaïsme insiste sur le fait que, durant le Chabbat, il faut laisser les animaux se reposer. Une mitsva commande aux croyants de respecter le cycle sacré du repos, incluant les animaux domestiques tels que le bœuf et l’âne. Selon une autre mitsva, tous, humains ou animaux, doivent bénéficier du jour de repos afin de préserver leur bien-être. La Torah évoque ainsi un devoir d’égard universel, touchant aussi bien les poissons que les oiseaux, en soulignant que chaque créature mérite considération et respect.
La compassion et la sensibilité envers le règne animal
Dans la pratique juive, la compassion envers les animaux est un commandement central. La notion de « tsa’ar ba’alei chayim »♡, qui signifie « souffrance des êtres vivants », interdit toute forme de cruauté inutile. La loi alimentaire casher encadre également l’abattage pour limiter la douleur et respecter l’intégrité de la vie animale. L’histoire de Moché, qui prit soin d’un agneau perdu, illustre la miséricorde et la bienveillance encouragées. Cependant, comme dans le Christianisme, la place de l’homme dans la création reste prioritaire. Selon certains rabbins, l’humain a été créé à l’image de Dieu, possédant la parole et le libre arbitre, ce qui lui confère des responsabilités particulières, notamment celle de protéger la création tout en conservant une hiérarchie respectueuse.
Islam : une vision équilibrée entre respect et responsabilité
Selon Omero Marongiu-Perria, spécialiste de l’islam, la conscience animale occupe une place importante dans la tradition prophétique et dans le Coran, où la souffrance de l’animal est reconnue. La doctrine islamique insiste sur le fait que l’abattage doit minimiser la douleur, et que chaque créature a une dignité qui doit être respectée. L’alimentation, tout en étant une nécessité pour l’homme, doit aussi respecter des principes de justice et de bien-être pour l’environnement. La loi islamique, ou charia, encourage une attitude éthique vis-à-vis des animaux, condamnant tout acte de cruauté inutile. Prendre soin de la création fait partie intégrante du devoir religieux, témoignant de la révérence envers Dieu.
La continuité du règne humain au sein de la création
Selon la vision islamique, l’humain n’est pas séparé du reste du règne animal ou végétal ; il fait partie d’un tout en harmonie. Les animaux sont vus comme des communautés parallèles à celles des humains, témoins de la sagesse divine. Le Coran affirme qu’aucune créature ne circule sur la Terre ou ne vole dans le ciel sans que cela ne soit en communauté avec l’humanité. De plus, des versets évoquent la réponse de l’homme à la responsabilité qui lui a été confiée lors de la souveraineté sur la création, laquelle doit être exercée avec vertu. Une conception spirituelle, notamment à travers le soufisme, postule que certains êtres non humains transmettent aussi des enseignements spirituels.
La responsabilité humaine envers la biodiversité
Les croyants sont tenus de respecter la vie sous toutes ses formes, tant que leur gestion reste respectueuse de l’environnement. La tradition islamique met en avant la nécessité de protéger la création, illustrée par le fait que les animaux sont appelés à la fois à participer à la gloire divine. La croyance veut que l’homme, en acceptant le dépôt de confiance sur la planète, doit agir avec sagesse et douceur, évitant tout abus ou destruction inutile. La responsabilité humaine n’est pas de dominer, mais d’assurer la pérennité et l’équilibre du monde naturel.
En résumé, ces trois grandes religions partagent une vision commune : l’être humain doit traiter toutes les créatures avec bonté, respect et responsabilité. Leur message central insiste sur le fait que la maltraitance animale est incompatible avec la foi, et que chaque individu a un rôle à jouer pour préserver la vie et la biodiversité. Que l’on pratique une religion ou non, il nous appartient d’évaluer notre impact sur le monde animal et d’adopter une conduite respectueuse et éthique dans nos actions quotidiennes.