Comprendre la perception du temps chez les animaux domestiques

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Alors que pour nous, humains, le passage du temps se traduit par des heures, des jours et des calendriers, nos compagnons à quatre pattes suivent un rythme bien différent. Leur perception du temps est profondément enracinée dans leurs sensations, leur organisation quotidienne et leurs habitudes. Mais qu’en est-il de leur conscience face à l’écoulement du temps, à nos absences ou à leur propre vieillissement ? Entre mécanismes biologiques, souvenirs et émotions, les chercheurs s’efforcent de mieux comprendre comment nos animaux de compagnie perçoivent le temps.

La perception du temps par les chiens et les chats

Les spécialistes s’accordent à dire que nos animaux domestiques disposent d’une forme de conscience du temps, même si elle ne ressemble pas à la nôtre. Leur environnement, leurs signaux physiologiques et comportementaux leur servent de repères, similaires à nos outils calendaires et horloges. Concrètement, un chien, par exemple, se construit une journée en fonction d’habitudes récurrentes comme les repas ou les promenades, auxquelles il est très sensible. Les chats, plus autonomes, organisent leur temps autour de périodes de repos, de chasse ou de découverte. Leur sens du temps est ainsi lié à leurs cycles naturels et à leur mode de vie instinctif.

Comment nos animaux perçoivent-ils la notion de temps ?

Les études indiquent que la perception du temps chez les animaux est davantage subjective, rattachée à leur routine et aux stimuli qu’ils détectent dans leur environnement. Bien qu’ils ressentent la durée de certains événements, ils ne construisent pas la notion abstraite du passé, du présent et du futur comme les humains. Des expériences ont montré que nos compagnons réagissent diféremment en fonction de la durée de certains cycles, distinguent les courtes et longues temporalités, et anticipent certains événements. Plusieurs mécanismes interviennent dans cette capacité :

Leur horloge biologique

Leur horloge interne, régulant les rythmes circadiens, est essentielle dans leur perception du temps. Par exemple, un chien sera souvent éveillé à la même heure chaque matin, sans que personne n’ait besoin de lui donner une consigne, car ses cycles de veille et de sommeil sont dictés par la lumière, la faim ou la digestion.

La mémoire épisodique

Une autre façon dont ils appréhendent le temps repose sur leur mémoire d’événements précis. Un chien peut ainsi anticiper le retour de son maître à une heure donnée, en se basant sur des indices comme la lumière du jour ou certains sons, en se rappelant d’événements passés.

La mémoire associative

Certaines recherches suggèrent que leur mémoire est plutôt d’ordre associatif : ils relient des événements à des situations spécifiques plutôt qu’à une notion abstraite de temps. Par exemple, la durée d’absence de leur propriétaire peut influencer leur comportement, mais sans qu’ils en perçoivent véritablement le passage précis.

Nos animaux sent-ils le temps passer lors de nos absences ?

Les chiens, très sociaux, manifestent un attachement fort à leurs propriétaires. Quand ils restent seuls, ils évaluent le temps à partir de plusieurs indices :

  • L’odeur : L’intensité de l’odeur humaine diminue au fil du temps, permettant au chien d’estimer combien de temps s’est écoulé depuis le départ ;
  • Le bruit : Certains sons liés à l’environnement (trafic, voix, appareils) leur signalent le moment du retour imminent ;
  • L’ennui : Plus un chien reste seul longtemps, plus il peut s’ennuyer et ressentir de l’anxiété, ce qui peut amplifier sa perception du temps d’attente.

Les chats, tout en étant plus indépendants, ressentent aussi l’absence de leur maître. Leur perception dépend surtout de leur propre rythme, basé sur leur alimentation, leurs siestes et leurs jeux. Certains félins laissent même des marqueurs olfactifs, comme des phéromones, pour se rassurer durant leur solitude. Tout comme les chiens, ils peuvent gérer la solitude, mais une absence prolongée peut entraîner des troubles du comportement.

Quelles sont les évidences scientifiques ?

Les recherches en neurosciences, comportement et imagerie cérébrale ont permis de mieux comprendre comment les animaux perçoivent le temps. Plusieurs études illustrent cette capacité chez les chiens ou autres animaux domestiques :

  • Une expérience menée par des chercheurs suédois en 2011 a consisté à laisser des chiens seuls pendant différentes périodes : 30 minutes, 2 heures ou 4 heures. À chaque retour, leurs réactions variaient en fonction de la durée : un peu d’enthousiasme après une courte absence, une excitation plus vive après 2 heures, mais une réponse similaire à celle de 2 heures après 4 heures, ce qui indique qu’ils percevaient la différence entre des absences courtes et longues, sans distinguer parfaitement de très longues périodes ;
  • En 2013, Alexander Horowitz a étudié si les chiens utilisaient leur odorat pour estimer le temps. Il a montré que l’intensité des odeurs diminue avec le temps, et que les chiens anticipaient le retour de leur maître lorsque l’odeur était moins forte, ce qui souligne leur capacité à utiliser leur sens olfactif comme indicateur temporel ;
  • Une autre recherche en 2002, dirigée par William Roberts, avait placé des chiens devant une machine délivrant de la nourriture à intervalles réguliers. Résultat : ils adaptaient leur comportement en fonction du temps écoulé, témoignant d’une mémoire du passé et d’une perception du rythme qui leur permettait d’anticiper et d’adapter leur comportement.

La conscience du vieillissement chez nos animaux ?

Avec l’âge, nos compagnons présentent des changements notables : un ralentissement, une récupération plus longue après l’effort, un déclin sensoriel, ainsi qu’une diminution de leur mobilité. Un animal plus âgé peut percevoir qu’il est moins vif, qu’il ne peut plus sauter aussi haut ou qu’il se fatigue rapidement. Même s’il ressent ces modifications physiques, il ne les relie pas nécessairement à sa propre mortalité ni à la notion de vieillissement. Leur expérience du temps étant surtout basée sur leurs sens et routines, ils vivent le moment présent sans s’inquiéter du futur, acceptant ainsi naturellement les bouleversements liés à l’âge.